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islam laïque

25 octobre 2008

un livre d'Abdennour Bidar, professeur de philosophie

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l'islam sans soumission

Abdennour BIDAR


quatrième de couverture
Des siècles de traditions idéologiques ont enfermé l'islam, l'assimilant à la seule soumission à un Dieu dont les hommes ne seraient que les serviteurs - créatures supérieures aux autres, certes, mais dénuées de tout libre arbitre.

Et si l'islam était au contraire la chance pour l'humain de naître à sa pleine souveraineté, en tant qu'héritier d'un véritable pouvoir divin ? Si être musulman ne signifiait pas se soumettre éternellement mais au contraire se conduire en " immortel " et assumer en soi cette part de transcendance ? Abdennour Bidar, après avoir fondé son concept de self-islam, nous offre ici une manière radicalement moderne de lire le texte coranique et a l'audace d'édifier un nouvel existentialisme, non plus athée ni chrétien, mais pleinement musulman.

Ce sont ainsi des contrées jamais explorées que défriche pas à pas le philosophe, porté par un souffle inédit : l'espoir que l'islam puisse s'ouvrir à de nouveaux horizons.

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- le blog d'Abdennour Bidar

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29 mai 2008

Islam : réponse à Robert Redeker

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Islam : réponse à Robert Redeker

Leïla BABÈS


Invité dans l’émission de France 2 "On n’est pas couché" du 17 mai, vous avez reproduit, à peu de chose près, le contenu de l’article publié par le Figaro (19 septembre 2006) et qui vous avait valu une condamnation à mort sur Internet. À l’époque des faits, le choc produit par les menaces qui pesaient sur vous, et l’urgence de la mobilisation contre cette atteinte à la liberté d’expression, me paraissaient plus importants qu’une réponse dont, de surcroît, je n’aurais souhaité pour rien au monde qu’elle fût interprétée par vos détracteurs comme un témoignage à charge. C’est pourquoi je m’étais bornée à intervenir sur votre site pour expliquer en quelques mots les raisons de mon soutien, et mon désaccord avec le contenu de votre brûlot.

Il est temps à présent que l’on ouvre le débat, moins pour vous répondre que pour poser les questions qui font cruellement défaut dans le tissu de poncifs qui vous tient lieu d’analyse. À commencer par l’idée que les «musulmans modérés» ne vous ont pas assez soutenu. Voilà bien un qualificatif insultant, consacré par toute une vulgate médiatique qui s’interroge régulièrement sur le silence des «modérés», cette poignée de musulmans noyés dans le milliard d’extrémistes, tout juste assez civilisés pour être capables de répondre sans chercher à exterminer l’autre. J’en ai plus qu’assez d’entendre cette rengaine, lorsque ceux-là mêmes qui n’invitent que des prédicateurs islamistes, au mépris de tous les autres courants de l’islam, s’étonnent de ne pas nous entendre.

Lorsque j’ai signé la pétition de soutien, je ne l’ai pas fait en tant que musulmane «modérée», mais en tant que citoyenne convaincue qu’aucune critique, fût-elle blasphématoire - pour parler comme ceux qui instrumentalisent les religions pour nous intimider -, malhonnête ou ignorante, ne mérite de valoir à son auteur une condamnation. La critique radicale de l’islam - et pas seulement de l’islamisme - est un exercice auquel je me livre périodiquement dans mes chroniques à Médi1, radio franco-marocaine écoutée par des millions de Maghrébins. Vous voyez, je n’ai rien d’une «modérée».

Si au lieu de vous contenter de lancer des stéréotypes du genre «christianisme = religion de l’amour, islam = religion de la haine», vous aviez sérieusement soumis votre objet de détestation à la critique rationnelle dont vous vous piquez en vous comparant à Voltaire, vous auriez peut-être évité de comparer le prophète de l’islam à Hitler. Ce qui, au-delà de toute considération religieuse, est une niaiserie et un non-sens épistémologique surprenant de votre part.

Mais vous avez décidé que l’islamisme est définitivement l’islam, comme le prouve votre article qui porte en son titre le premier terme alors que l’ensemble du texte ne parle que du second. Vous me pardonnerez d’ajouter que les islamistes sont décidément bien bêtes de condamner quelqu’un qui apporte de l’eau à leur moulin. Bien entendu, vous avez raison de dénoncer le chantage à l’islamophobie, la ségrégation des sexes et le soutien apporté par des courants gauchistes aux islamistes, qu’ils considèrent comme les nouveaux damnés de la terre.

Le problème est que vous rabattez tous ces faits sur une vision essentialiste et culturaliste de l’islam, que vous désignez comme l’ennemi de la civilisation. Vous pouvez bien vous défendre d’attaquer les musulmans, vous ne faites pas autre chose lorsque vous les comparez aux adeptes de Hitler qui suivent leur chef (Mahomet). Lorsque vous parlez de l’islam qui «tente d’obliger l’Europe à se plier à sa vision de l’homme», vous me paraissez hélas plus proche de Geert Wilders et d’Oriana Fallaci que de Voltaire, et certainement pas de l’islamologue Maxime Rodinson que vous citez dans votre article pour étayer votre maigre savoir sur l’islam.

Vous vous essayez au comparatisme dans une vision binaire séparant le christianisme, sécularisé, qui fait toujours passer l’autre avant lui, de l’islam, qui «tient la générosité, l’ouverture d’esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des mœurs, les valeurs démocratiques, pour des marques de décadence». Le seul constat qui s’impose face à un tel concentré d’inexactitudes qui mêle théologie, préjugés et événements contemporains, de cette lecture grossière du choc des civilisations, est que l’historicité est le moindre de vos soucis. C’est oublier (ou ignorer ?) que la sécularisation s’est d’abord construite contre la religion, qu’elle a soumise à n’être rien d’autre qu’une confession. Vous dites que «le retour à Jésus est un recours contre les excès de l’institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d’amour, Mahomet un maître de haine.»

Le problème est qu’au lieu d’ouvrir un débat serein sur la question de la violence dans l’islam, vous ne faites qu’opposer les deux religions, et ça, c’est violent. Il est dommage que les quelques vérités que vous rappelez là soient submergées par une vision caricaturale des choses. Un exemple : la figure d’amour et de non-violence de Jésus, non pas celle des Evangiles, mais celle du Coran où il est présenté comme le seul prophète exempt de péché (à part Marie), né du souffle de Dieu. Force est d’admettre qu’à l’exception des courants soufis, la tradition musulmane a escamoté la dimension d’amour de Jésus pour ne retenir de lui que l’image d’un prophète important certes, mais un prophète parmi d’autres, ce qui est loin de correspondre à la place et au statut exceptionnels que le Coran confère au «Fils de Marie».

La question n’est pas d’opposer à votre schéma comparatiste l’argument naïf et contre-productif de ceux des musulmans qui s’indignent en répondant que non, l’islam est une religion de paix et de fraternité et qu’il est détourné de son sens profond par les méchants islamistes, mais de s’interroger sur les causes profondes de la violence, y compris en l’articulant, comme l’a fait Benoît XVI, à la foi. Vous écrivez : «Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran». Là, vous dites des sottises, M. Redeker. Ce qui habite les islamistes, ce n’est pas le Coran, qui ne leur sert que de source pour légitimer leurs actes, mais la prédication sauvage qui s’est développée à partir du début du XXe siècle. Je sais de quoi je parle, je descends d’une lignée de théologiens.

Vous avez pris soin, pour expliquer les causes profondes de la violence actuelle, de ne citer que les épisodes les plus troublants de la conscience musulmane, à commencer par le massacre de la tribu juive de Médine, les Qurayza. Nous ne savons que peu de chose de cet épisode inouï, et les raisons d’un tel massacre nous échappent. D’autres que moi vous l’ont certainement dit, si le texte coranique contient des versets de violence, il en contient d’autres qui contredisent cette orientation, comme c’est le cas pour la Bible. La vraie question aujourd’hui est là : que faire pour empêcher que l’on se serve des sources qui légitiment la violence ? Quels sont les instruments théologiques et politiques qui permettront d’élaborer une charte de paix et de compromis avec l’autre ?

Ce qui empêche tout aggiornamento, ce n’est pas «la haine qui fonde l’islam dans ses origines», ce sont les despotes qui instrumentalisent la religion comme source de légitimation et comme moyen de censure et de répression de toute velléité d’expression libre et de démocratisation ; ce sont des clergés qui puisent dans les lois les plus régressives - y compris en en détournant le sens - pour perpétuer leur pouvoir ; ce sont, enfin, les islamistes qui entendent faire de la loi religieuse l’unique source de leur projet totalitaire.

Ce qui manque, c’est le courage politique de décréter qu’il est interdit à quiconque de recourir aux textes religieux pour justifier la violence, de couper l’herbe sous le pied des terroristes et de tous les islamistes qui les soutiennent en les privant de toute légitimité religieuse. Il est urgent de constituer un comité de sages composé de dirigeants politiques et d’hommes et de femmes de bonne volonté pour établir ce consensus. C’est seulement dans ces conditions, en isolant les sources qui posent problème, en les protégeant même, qu’il sera possible d’entreprendre la réforme tant attendue.

Leïla Babès
Libération, "rebonds", 29 mai 2008

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- Leïla Babès professeure de sociologie des religions à l’université catholique de Lille

- le blog de Leïla Babès

- dernier ouvrage paru :  Le voile démystifié, Bayard, 2004.

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10 août 2007

La justice italienne absout la charia en famille (journal Libération)

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La justice italienne absout la charia

en famille

Un père musulman acquitté malgré les violences infligées à sa fille Fatima

Eric JOZSEF

 


Libération, vendredi 10 août 2007

Les coups portés à Fatima, les mauvais traitements, la séquestration ? «Prouvés» reconnaît la Cour de cassation. Les juges italiens ont pourtant acquitté en fin de semaine dernière ses parents et son frère, d’origine maghrébine, provoquant un vif émoi dans la péninsule et relançant les polémiques sur la politique d’intégration du pays.

Déjà l’an passé, le meurtre d’une jeune Pakistanaise de Brescia, Hina Saleem, égorgée par son père parce qu’il ne tolérait plus son mode de vie «à l’occidentale», avait provoqué une forte indignation et une vague d’interrogations. Cette fois, l’affaire apparaît encore plus déconcertante. Car ce sont des magistrats qui ont estimé que les sévices subis par la jeune femme étaient en substance «pour son bien» et que ses parents souhaitaient, en toute bonne foi, la punir «pour son style de vie non conforme à leur culture».

Le cas de Fatima R., une adolescente musulmane de Bologne, avait été porté en 2003 devant le tribunal local. En première instance, ses parents avaient été condamnés pour séquestration et mauvais traitements. Avant que la cour d’appel ne renverse le jugement en 722septembre 2006. La semaine dernière, la Cour de cassation [ci-contre] a confirmé l’absolution. Les juges ont en effet considéré que la jeune fille avait été frappée «non pour des motifs vexatoires ou par mépris». Qui plus est, a estimé la cour, les violences n’étaient pas habituelles : son père ne l’aurait frappée «qu’à trois reprises durant toute sa vie», de surcroît au motif «que les comportements de la fille avaient été jugés incorrects».

«Automutilation». Le procureur de Bologne qui avait déposé un recours contre l’acquittement en appel a rappelé que Fatima avait été séquestrée et attachée à une chaise, «puis libérée uniquement pour être brutalement battue par ses parents, qui voulaient la punir de sa fréquentation avec un ami et plus généralement pour son style de vie». En vain. La Cour de cassation a jugé qu’aucun délit ne peut être relevé étant donné «qu’au cours des débats, il est apparu avec certitude que la jeune fille était terrorisée face aux possibles réactions de ses parents. Elle ne s’était pas rendue à son travail préférant retrouver un homme et avait en conséquence menacée de se suicider.» En clair, les juges ont conclu que son père, sa mère et son frère avaient été contraints de l’attacher pour éviter que l’adolescente ne commette des «actes d’automutilation».

«C’est une honte, s’insurge Souad Sbai [ci-contre], présidente demedium_souadbig2__133x198 l’Association des femmes marocaines en Italie, c’est une décision digne d’un pays arabe où serait en vigueur la charia. Au nom du multiculturalisme et du respect des traditions, les juges appliquent deux types de règles, l’une pour les Italiens, l’autre pour les immigrés. Un père catholique, qui se serait comporté de la sorte, aurait été durement condamné.»

Dans la classe politique aussi, la décision de la Cour de cassation a suscité désarroi et incompréhension. La ministre (centre gauche) pour l’Egalité des droits, Barbara Pollastrini, s’est déclarée «blessée» par la sentence et a admis «qu’il est urgent d’affronter la question de la tutelle et des droits de très nombreuses immigrées dans notre pays. Une adoption rapide de la loi contre la violence sur les femmes est nécessaire.» «Doit-on attendre que dix femmes soient lapidées sur la place publique pour que la politique se mobilise ?» s’est exclamée la parlementaire de droite, Daniela Santanché, qui vit depuis deux ans sous escorte après avoir été durement attaquée par un imam milanais, qui l’avait traitée «d’ignorante» pour ses positions en faveur de l’interdiction du voile islamique sur le modèle de la loi française. «Le verdict de la cassation légitime des systèmes éducatifs qui n’ont rien à voir avec notre culture et qui ne s’insèrent pas dans notre cadre institutionnel», a pour sa part expliqué la vice-présidente des parlementaires Verts, Luana Zanella.

Alors que l’Italie a connu tardivement le phénomène de l’immigration, «on constate une tolérance excessive envers certains comportements», estime néanmoins Souad Sbai, «à droite et encore plus à gauche, très souvent c’est le politically correct qui prévaut. Il faut faire respecter la loi italienne», insiste-t-elle. «Surtout en défense des femmes, investir de l’argent pour l’intégration des parents qui sont souvent illettrés, renforcer les centres d’accueil des femmes victimes de violences.» Le nombre de jeunes musulmanes battues par leurs parents parce qu’elles adoptent le mode de vie occidental et fréquentent des Italiens serait en forte augmentation. Le procès à l’encontre du père d’Hina Saleem, qui «ne voulait pas qu’elle devienne comme les autres», débutera en septembre. Mais selon l’Association des femmes marocaines, ce ne sont pas moins de neuf musulmanes qui auraient été retrouvées mortes en Italie, au cours de la dernière année, victimes des brutalités de leurs proches. Le problème est d’autant plus brûlant que certains responsables politiques soufflent sur les braises.

Fanatiques. Depuis des années, des parlementaires xénophobes de la Ligue du Nord mènent en particulier une croisade contre l’immigration musulmane. Lundi soir, devant la mosquée de Segrate, dans la banlieue de Milan, la voiture d’un imam a été incendiée par un cocktail Molotov. «C’est un épisode qui couronne les attaques que nous subissons depuis longtemps», a commenté l’imam modéré et président du centre islamique de Milan, Abu Shwaima. «On veut faire croire que toutes les mosquées sont des repaires de terroristes». Les risques de dérapage se multiplient. En juin, une jeune militante musulmane, Dounia Ettaib, a été agressée par deux fanatiques parce qu’elle manifestait en hommage à Hina Saleem.

Plus généralement, l’Association des femmes marocaines dénonce le nombre de plus en plus important de jeunes filles contraintes, «dès l’âge de 8 ou 12 ans», de porter le voile en public et celui d’adolescentes fuyant le domicile familial. «Nombre d’entre elles cherchent à trouver refuge en France», affirme Souad Sbai. Agée de 19 ans, Fatma R. se trouverait aujourd’hui dans un centre social accueillant les femmes battues.

Libération, 10 août 2007

 

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20 mai 2007

Je viens de lire "Le voile déchiré", de Carmen Bin Laden

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Je viens de lire "Le voile déchiré",

de Carmen Ben Laden

 

Quand la perversion d'une religion jongle avec l'horreur et la barbarie... c'est le FONDAMENTALISME MUSULMAN INTEGRISTE.......


51levoiledechire Je viens de lire Le voile déchiré, de Carmen Bin Laden (belle-sœur d'Oussama Ben Laden). Ce livre m'a profondément marqué. C'est l'histoire d'une jeune fille élevée en Suisse, de père suisse et de mère iranienne, qui tombe amoureuse d'un séduisant Saoudien, l'épouse et va vivre avec lui en Arabie saoudite. Elle y passe quatorze ans et lui donne trois enfants.

Elle raconte en détail ce qu'est la vie d'une femme dans ce pays soumis au wahhabisme, c'est-à-dire au fondamentalisme musulman : une femme doit être soumise à son mari et ne peut voyager sans son consentement écrit ; elle ne peut sortir de sa maison sans accompagnement masculin, même pour traverser la rue; elle ne doit sortir que voilée de la tête aux pieds, sans montrer un centimètre carré de sa peau; elle ne peut adresser la parole à un homme et celui-ci doit détourner le regard sur son passage ; elle ne peut ni conduire une voiture ni travailler, etc.

Elle décrit aussi des blocages qui résultent d'une stricte obéissance au Coran dans la société saoudienne et les situations cruelles qui en résultent, le fanatisme de certains Saoudiens comme son beau-frère Oussama, et les déchirements auxquels sont soumis les hommes et femmes qui essaient de concilier culture occidentale et wahhabisme.

Son livre, qui se lit d'un trait, complète celui de Betty Mahmoody, Jamais sans ma fille, qui raconte les malheurs d'une Américaine mariée à un Iranien et exposée aux pratiques chiites, à peine moins tyranniques que le wahhabisme.

À la lecture de ces livres, témoignages accablants des ravages du fondamentalisme musulman, on ne peut s'empêcher de conclure que la pratique de la religion musulmane, telle qu'elle y est décrite, est incompatible avec la vie dans une démocratie occidentale. La religion musulmane y apparaît seulement compatible avec les mœurs de tribus de Bédouins nomades du septième siècle, car elle impose à tout instant sa manière de vivre, sa vision inégalitaire et antidémocratique de la vie en société, de l'autorité et de la justice.

Une femme ne peut être soignée par un médecin homme. Lorsqu'en Arabie saoudite un incendie a ravagé une école de jeunes filles, la police religieuse a empêché les pompiers de porter secours aux filles, préférant les voir brûler vives plutôt que de laisser ces hommes s'en approcher. Ne pouvant travailler, ne pouvant même pas s'exprimer en public, une femme est un être inférieur, qui n'a aucune chance de se réaliser. Son mari a le droit de prendre plusieurs épouses et d'avoir des aventures, mais elle n'a pas le droit de le tromper, sous peine de lapidation.

Un voleur a la main coupée. Un chef de clan a droit de vie ou de mort sur toute femme de son clan, qui doit manif_saudi_ind_afp220épouser l'homme que celui-ci aura choisi pour elle, etc. En Arabie saoudite il n'y a ni médias libres, ni élections démocratiques, ni syndicats, ni justice indépendante du gouvernement. Les Saoudiens ont des droits que n'ont pas les immigrés qui travaillent pour eux, même lorsqu'ils sont musulmans. On y enseigne la haine des Juifs et le mépris des autres non-musulmans. Et on y a financé les terroristes d'al Qaida qui ont commis les attentats du 11 septembre 2001… entre autres.

Les lois saoudiennes sont basées sur le Coran et les hadiths (autres textes sacrés de la religion musulmane, qui réunissent ce que la Tradition a pu consigner des propos du Prophète). Ces textes ont été écrits à une époque où les lois des sociétés étaient très différentes des nôtres. C'est ainsi qu'on trouve, dans le Nouveau testament (Saint Paul, première épître aux Corinthiens - XI, 6-10) le passage suivant :

"Si la femme ne porte pas le voile, qu'elle se fasse tondre! Mais si c'est une honte pour une femme d'être tondue ou rasée, qu'elle porte un voile! L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l'image de la gloire de Dieu... Car ce n'est pas l'homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l'homme. Et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance..."

Le christianisme a donc, lui aussi, des textes aujourd'hui tombés en désuétude. Mais il a su évoluer sur des points fondamentaux, par exemple lors du Concile Vatican II.

Un Islam tolérant
J'ai aussi lu deux livres de M. Dalil Boubakeur, Recteur de l'Institut musulman de la Mosquée de Paris, médecin ayant exercé pendant 25 ans et enseigné à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière et président du Conseil français du culte musulman : Les défis de l'Islam (éditions Flammarion) et Non! l'Islam n'est pas une politique (éditions Desclée de Brouwer). Le Recteur Boubakeur y présente un islam tolérant, moderne et encourageant la réflexion personnelle, diamétralement opposé au formalisme wahhabite qui exige l'obéissance inconditionnelle. La religion musulmane qu'il y décrit est parfaitement adaptée à une intégration réussie dans une société occidentale.

samir de casa
19/05/2007 08:02:14
source : http://www.emarrakech.info


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2 mai 2007

Manuels scolaires tunisiens d'instruction religieuse (M. Feki et N. Maruani - MEMRI)

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des "savants" musulmans ouverts à l'humanisme

 

Des manuels scolaires tunisiens

d'instruction religieuse

prônent la tolérance et le dialogue

M. FEKI et N. MARUANI

 

Contrairement aux manuels d'instruction religieuse (islamique) de certains États arabes, les manuels tunisiens d'instruction religieuse sont des compilations d’articles et d’extraits d'ouvrages divers et variés. A titre d'exemple, le Livre de pensée islamique de Première [1] est une compilation d’articles de 29 auteurs : il inclut des extraits d'ouvrages de savants renommés comme le grand historien nord-africain du XIVe siècle Ibn Khaldun, le théologien irakien des IX-Xe siècle Abou Al-Hassan Al-Ash'ari, et le grand théologien Abou Hamid Al-Ghazali, ainsi que des extraits d'ouvrages modernes signés par des réformistes musulmans comme Rifa'a al-Tahtawi, Jamal Al-Din Al-Afghani, Muhammad Abdu', Ali Abdel Razeq, Abdel Rahman Al-Kawakibi, Muhammad Rashid Rida et Saadeddine Ibrahim [2].

Un examen attentif des manuels scolaires tunisiens d’instruction religieuse des classes de Première et de Terminale révèle le rôle déterminant que joue l'État tunisien dans trois domaines : la séparation des pouvoirs, la liberté individuelle et la tolérance vis-à-vis d'autrui.

En outre, ces manuels ne se limitent pas à un seul courant religieux, mais prennent en considération les différents courants de l'islam. Ainsi, bien que la Tunisie soit majoritairement sunnite, elle accorde une place au chiisme dans ses manuels religieux.

Le rapport qui suit porte sur les manuels d'instruction religieuse des classes de Première et de Terminale ("deuxième et troisième années secondaires") et plus particulièrement sur certains de leurs grands thèmes de prédilection : la laïcité au regard de la religion, la nécessité d'éviter les conflits d'ordre religieux, l'éducation comme facteur de liberté et d'harmonisation entre religion et modernité, le siècle des Lumières en Europe, l'importance de la concertation, de la tolérance et du dialogue.

Il s'avère que le programme des manuels scolaires tunisiens d'éducation religieuse est fidèle à l'esprit de la salafiyya (ancien courant réformiste musulman). Bien qu'aujourd'hui le terme "salafiste" ne soit pas loin de signifier "extrémiste", les premiers salafistes, dont certains écrits ont été repris dans ces manuels, encourageaient un islam modéré, l'ouverture et la modernité. Ce mouvement d'origine a par la suite été récupéré par le nationalisme et l'islamisme arabes, ce qui a progressivement contribué à marginaliser le progressisme musulman. La Tunisie a toutefois échappé à cette tendance, ainsi que le révèle la lecture des manuels scolaires.

Certains chapitres semblent toutefois entrer en contradiction avec la réalité politique de la Tunisie contemporaine de Ben Ali, comme par exemple celui sur la "connaissance, remède du despotisme" ou sur la "liberté comme fondement du pouvoir." Voilà qui laisse perplexe quant à l'usage toujours actuel de ces manuels. Il convient ainsi de noter que ces derniers ont été rédigés sous le règne de Habib Bourguiba, fondateur de la Tunisie moderne, dont le gouvernement était plus populaire et plus libéral, bien que pas tout à fait démocratique, et dont l'orientation réformiste demeure l'idéologie officielle du régime actuel.

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Tunis, cour du Palais du Bardo

L'Etat laïque et les réformes institutionnelles

Dans un chapitre intitulé "Le renouveau et les mouvements de réforme", le manuel de Première souligne la nécessité d'institutions étatiques laïques pour un bon fonctionnement de la société arabe : "L'une des causes de l'anarchie, des complots et de l'effritement dans les rangs de la nation [arabe], ainsi que de la faiblesse et de la colonisation qui s'ensuivent, est l'absence d’institutions constitutionnelles (...), de pouvoir législatif représentant le peuple et promulguant des lois qui le protègent et assurent la stabilité [de la nation arabe]." [3]

La religion comme source de dissensions

Le manuel d'instruction religieuse de la classe de Première va jusqu'à présenter la religion comme une source possible de conflits. Un article [4] évoque le conflit qui a jadis opposé les mutazilites [5] à l’orthodoxie islamique, notamment hanbalite [6], au sujet de la "création du Coran". Pour les mutazilites, le Coran aurait été "créé" au moment de l’avènement de Mahomet tandis que pour les théologiens officiels, le Coran aurait été rédigé par Allah avant la création du monde. Il serait "descendu" au moment de l’avènement du Prophète de l’islam. "Cette controverse est à l’origine d’une épreuve cruelle (…) qui équivaut à l'Inquisition pour l’Europe chrétienne. À notre époque, les différences d'opinions sur ce sujet purement théorique peuvent surprendre (…) ainsi que la violence, l’amertume, la jalousie, voire les meurtres qu'elles peuvent entraîner. Ces répercussions sont la meilleure preuve que le conflit entre les mutazilites affirmant que le Coran est une création humaine d'une part, et les hanbalites et les autres [musulmans] pour qui il est antérieur [à la création du monde], n’était pas un conflit purement théorique, mais (…) religieux." [7]

En outre, un article du cheikh réformiste Mohammad 'Abdu [8] dénonce ce qu’il qualifie d'"immobilisme des théologiens" : "Quelqu'un peut-il nier l'immobilisme des docteurs de la charia et demeurer avec les expressions des auteurs, malgré leurs divergences d'opinions et leurs incompréhensions ? Dans les cas où nulle opinion n'a été exprimée, ils évitent de trancher et cherchent à pervertir le sens [du texte] afin de le rendre conforme aux affirmations de tel ou tel ouvrage. [9]

Dans un texte intitulé "Le lien entre la science et la religion, et la contagion du fanatisme chez les musulmans" [10], le manuel s'attaque aussi aux pratiques obsolètes attribuées à l'islam : "D'où vient ce grand nombre de religieux que nous trouvons aujourd’hui dans les pays de l'islam, chargés de veiller sur l'observance de cérémonies religieuses que le Coran n’a jamais mentionnées, comme les enterrements et autres cérémonies liés aux différents aspects de la vie publique – les naissances, les mariages, les intronisations, etc. ? Et comment voyons-nous aujourd’hui chez les musulmans – et c’est une chose qui peut être associée à l’idolâtrie – le grand nombre de saints, de justes et de chefs religieux qui ont fondé des courants diffusés aux quatre coins du monde musulman ? Et comment est-il possible que les croyants implorent ces saints, ces justes et ces chefs religieux sans doute plus qu’ils n’implorent Dieu ? [11]".

 

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bibliothèque publique médiévale musulmane

"Séances" de Harîrî. Copie réalisée en 1237 par Yahya al-Wâsitî,

école de Bagdad. Paris, BNF, ms. arabe 5847, f. 5.

(bibliothèque publique de la ville
de Hulwân près de Bagdad)

 

"Seul le savoir… permet de dépasser des mœurs obsolètes" ;

l'instruction est l'ennemi des dictatures

Le manuel explique, dans un passage extrait d’un ouvrage intitulé "La parole utile dans la démonstration de l’effort et de l’imitation" [12], que toute tentative de réforme dans le monde arabe provoque des réactions négatives, la population étant très attachée aux traditions locales. Cet état de fait est si fort que si une tradition venait à être présentée comme une innovation (condamnable dans l'islam), la population se rebellerait : "Tout [homme] raisonnable sait que si un docteur de l’islam déclarait dans une ville musulmane, en n'importe quelle circonstance, que l’imitation est une innovation interdite [sans fondement dans l’islam] (…), il serait attaqué par la majorité de ses habitants, soit par des injures, soit par la violation de ses biens, de son corps et de son honneur." [13]

Un article présente l'instruction comme l'ennemi de la dictature. Sous le thème "Le despotisme et la science" [14] : "La liberté politique responsable et organisée garantit le dialogue entre la nation et le pouvoir", l'auteur pose la question : "Qu'est-ce qui ressemble plus au despotisme que la tutelle d’un traître puissant et infidèle sur les orphelins de riches, qui utilise leurs biens et leurs âmes comme bon lui semble tant qu’ils sont mineurs ? De même que le tuteur n’a pas intérêt à ce que les orphelins atteignent leur majorité, le despote n’a pas intérêt à ce que le peuple soit éclairé par la connaissance. Ce n'est pas un secret pour l'autocrate qu'il ne peut y avoir de coercition et d'esclavage si les sujets demeurent dans l'obscurité de l'ignorance (…)

Le despote ne craint pas l'étude de la philologie destinée à corriger la langue tant que celle-ci n'inclut pas de maximes susceptibles de soulever le peuple (contre le dirigeant) ou de rhétorique génératrice d'engouement [contre le pouvoir] qui affaiblit les armées.

"On peut dire de façon générale que le despote ne craint pas toutes les sciences mais seulement celles qui ouvrent l'esprit et éveillent en l'homme la conscience de ses droits et de son absence de droits, ainsi que des moyens d'acquérir et de préserver ses droits. Le despote est un usurpateur et un fourbe, tandis que les savants éveillent la conscience et mettent en garde. Le despote a des affaires et des intérêts que seul le savant est en mesure de gâter." [15]

Le même manuel fait en particulier l'éloge du savoir profane. Un article de Muhammad 'Abdu dénonce la "contagion du fanatisme" en ces termes : "Le savoir élève les nations, tandis que l’ignorance les affaiblit et en fait la proie des errances du fanatisme, que ce [fanatisme] soit d'ordre idéologique, clanique ou confessionnel." [16]

 

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La Bataille d’Aboukir, Louis François Lejeune,
huile sur toile, An XII - Châteaux de Versailles et de Trianon
        © RMN / G. Blot / J. Schormans
 

L'Europe, source des Lumières

S'agissant du savoir comme rempart contre le fanatisme, le manuel mentionne notamment le côté positif de la campagne napoléonienne en Egypte, qui a apporté les sciences en Egypte. Un passage extrait d’un livre intitulé "La pensée réformiste chez les Arabes à l’époque de la renaissance [arabe]" [17] souligne que la campagne napoléonienne a élevé le niveau d'instruction générale en Egypte : "La campagne [française] [18] n’était pas une simple opération militaire, mais comportait un aspect scientifique et culturel qui a eu le mérite d’allumer l’étincelle de la renaissance arabe moderne. Car cette campagne a fait venir de nombreux chercheurs français bien équipés en Egypte, qui ont initié des recherches dans les domaines des mathématiques, de l'ingénierie, de la géographie, de l'astronomie, de la mécanique, de la géologie, de la métallurgie, de la médecine, de l'archéologie, de la littérature et des arts. Une revue était éditée tous les trois mois pour présenter les résultats de ces recherches. Ils [les scientifiques français] ont également diffusé un précieux ouvrage descriptif de l’Egypte [Ketab Wasf Misr], auquel ils ont incorporé des photos, des cartes et des tableaux. Ces connaissances qui étaient nouvelles pour les Egyptiens ont suscité tout leur étonnement !"

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"Cette campagne a développé l'imprimerie ; Napoléon a amené une imprimerie dont il s’est servi pour [diffuser] son appel au peuple égyptien. (…) Et la première imprimerie arabe que l’Egypte a connue est l’Imprimerie orientale française. Parmi ses publications se trouvaient un livre de phonétique, un livre de lecture et un dictionnaire français-arabe. Une autre imprimerie a ensuite été créée, qui a publié Barid Misr [19]. Voilà qui révèle l’intérêt que portait la campagne [française] pour le journalisme, dans la mesure où elle a également donné naissance à un deuxième journal, Al-Ashriya al-Misriya [qui sortait tous les dix jours]."

"En examinant les débuts de la renaissance en Egypte, on constate que sa source est unique : c’est l’Europe, grâce à son fort développement dans les différents domaines."

Le manuel ne prend toutefois pas partie pour la France : "Si Napoléon s’est appuyé sur la science moderne durant sa campagne, son but n'était pas d'instruire le peuple [égyptien], mais de rallier les élites pour étendre son pouvoir. Aussi, la campagne, de courte durée, et les difficultés encourues, n’ont pas permis aux Egyptiens de participer à cette campagne." [20]

"La réflexion est un commandement religieux."

L'auteur définit comme suit la liberté de pensée : "La liberté de pensée, c'est le respect de l'esprit, le fait de lui donner une place honorable et de lui permettre de s'exprimer dans tous les domaines, aussi bien politique, scientifique que culturel. Le développement culturel dans tous les domaines est révélateur de la bonne santé de la société. Et la liberté de pensée est une composante – voire même le fondement – de la liberté d'opinion et d'expression. La réflexion est un commandement religieux." [21]

Le manuel fait l'éloge de la liberté individuelle comme étant la condition de toute connaissance. Dans une partie intitulée "Des causes du retard des musulmans", il présente un extrait d'une lettre adressée au sultan ottoman par Moustafa Fadel Pacha [22] : "La liberté est l'enseignant n°1 des nations ; c'est elle qui forme les enseignants. Nul autre ne peut la remplacer. La nation opprimée méprise le savoir car il ne lui est pas utile. Les nations désirent le savoir quand elles jouissent des droits auxquels elles croient ; l'instruction leur permet de mieux profiter de leurs droits, et toute nation ignorante opprimée est soit lâche soit traître."

La liberté individuelle et le progrès

Le manuel de Première insiste le droit inné à la liberté individuelle [23] dans un passage intitulé "La liberté est la base du pouvoir" : "Certains besoins vitaux dépassent l'alimentation et l'habillement, même s'ils sont la condition première de la vie. Parmi les besoins essentiels se trouve la liberté. L’homme naît libre, il n’a d'autre seigneur que Dieu ; c’est pourquoi il doit vivre libre et mourir libre. La liberté inclut la liberté politique, la liberté de pensée, voire même la liberté religieuse."

Il développe en particulier le concept de liberté politique, ramification naturelle de la liberté individuelle. L'individu avait le droit de critiquer le pouvoir : "La liberté politique signifie en premier lieu la liberté d’opinion et d’expression. Aux tous débuts de l’Etat islamique avaient été établies des libertés politiques ne muselant pas l’individu, même si ce dernier critiquait le gouverneur. L'Etat islamique autorisait même la formation de groupes et de partis aux opinions et aux principes différents [de ceux du gouverneur], que ces derniers défendaient franchement et explicitement." [24]

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"vers la liberté dans le monde arabe" (source)

 

La Shura (principe de consultation dans l'islam)

Un autre article [25] souligne la nécessité d'une diversité d'avis antérieure à la prise de décision par le dirigeant. La "Shura" (principe de consultation dans l'islam) est considérée comme "faisant partie des valeurs morales relatives à l'exercice du pouvoir qui permettent à la concertation d'aboutir à un point de vue commun utile à la collectivité, que ce soit au sein de la pyramide du pouvoir politique, de la tribu, du clan ou même de la famille où les époux se concertent… Nous avons toujours besoin d'un minimum de concertation pour arriver à une direction qui garantisse la participation de tous ou [au moins] de la majorité." [26]

En outre, les décisions déterminantes devaient être prises en accord avec l'avis du peuple : "La liberté politique inclut aussi la consultation [des gouvernés par les gouverneurs] comme il est écrit dans le Coran : "[Qu'ils] se consultent entre eux à propos de leurs affaires…" (Sourate Al-Shura, verset 38). La Shura [consultation] suppose [l'existence de] la liberté d'expression et la garantit. S'il n'y a pas eu dans [l'historie de] l'islam d'institutions officielles chargées de veiller à la pluralité des opinions relatives à la politique de l'Etat, comme le Parlement ou les assemblées consultatives, l'islam approuve toutefois le principe [de consultation], voire l'ordonne (…). La pluralité des opinions nécessite – surtout à une époque où l'espace de l'Etat s'est élargi et où les problèmes de gouvernance se sont multipliés – la reconnaissance de l'opinion inverse dans un esprit de liberté et de tolérance totale." [27]

La tolérance et le dialogue

À travers ses manuels scolaires, la Tunisie – majoritairement sunnite – fait preuve d’une grande tolérance à l'égard des chiites [28]. Le manuel d'instruction islamique de Seconde se réfère au texte [29] d’un éminent théologien réformiste du XIXe siècle, Jamal Al-Din al-Afghani (1839-1897). Ce dernier évoque le pluralisme religieux qui a toujours existé en islam et cite parmi les grandes écoles "les chiites qui imitent l’imam Jaafar al-Sadeq [30]", un des plus grands théologiens des Ahl al-Bayit [31], précisant que "leur préférence pour l’imam Ali [32] ne doit pas les exclure de la communauté des musulmans".

Le texte du manuel souligne l'inutilité des opinions revanchardes entre sunnites et chiites : "Si les sunnites se mettaient d’accord aujourd’hui et approuvaient le choix des chiites, des Arabes et des Perses, et admettaient qu'Ali ibn Abi-Talib était plus apte à assurer la [fonction] califale que [son prédécesseur] Abou-Bakr [33], est-ce que les Perses [chiites] s’en trouveraient valorisés ? Ou la condition des chiites s’améliorerait-elle ? Et si [au contraire] les chiites approuvaient [le choix] des sunnites [et admettaient] qu’Abou-Bakr avait eu raison d'assurer la [fonction] califale d'Ali, cela valoriserait-il les musulmans sunnites et les sauverait-il de la servitude, de l’humiliation et de l’insécurité où ils sont tombés aujourd’hui ?" [34]

 

Annexe

Ci-dessous la liste des textes des manuels scolaires :

Manuel de pensée islamique de Première
Auteurs : Al-Saddiq Al-Khawni, Salim Al-Masahli, Zuhayr Al-Juwayni, Rashid Al-Qanuni, 'Izz Al-Din Al-Juwali. Sous la direction du Professeur Kamal 'Amran.

Première partie – Les fondements de l’islam
- Extrait de L’aube de l’islam, Ahmed Amin, Dar Al-Kitab Al-'Arabi, Beyrouth, pp.1-9.
- Extrait de L’épître de l’unicité d’Allah, Muhammad ‘Abdu, Beyrouth, 1982, pp. 43-45.
- "Les limites de l’esprit et l’unicité d’Allah", Ibn Khaldun, Al-Muqaddima (Introduction à l’Histoire), Tunis, 1989, pp. 557-559.
- "Les racines et les branches de la religion", Abu Al-Fath Al-Shahrastani, Le livre des religions et des sectes (Al-Milal w'Al-Nihal), pp. 19-20.
- "Les convictions fondamentales des sunnites", Abu Al-Hassan 'Ali ibn Ismail Al-Ash'ari, La clarification des principes de la religion (Al-Ibana 'an Usul Al-Diyana), Dar Al-Bayan, Damas.
- "Les erreurs dans [l’interprétation de] la révélation," Al-Qadi 'Abd Al-Jabbar, L’explication des cinq principes (Sharh Al-Usul Al-Khamsa), Maktabat Wahba, Le Caire, 1965, pp. 226-230.
- "L’historicité de l’étude de la prédestination", Dr. Muhammad Abd Al-Rahman Marhaba, De la philosophie grecque à la philosophie islamique (Min Al-Falsafa Al-Yunaniyya ila Al-Falsafa Al-Islamiyya), pp. 282-285.
- "La position des mutazilites par rapport à l’unicité d’Allah", Al-Ash'ari, Les opinions des [penseurs] islamiques et les différentes points de vue des croyants (Maqalat Al-Islamiyin wa-Ikhtilaf Al-Musallin), Tahqiq Writer, pp. 155-156.
- "L’émergence du débat théologique sur la prédestination", Ibn Al-Qayyim, La guérison du patient et la question de la prédestination (Shifaa Al-'Alil fi Masa'il Al-Qada' wa-Al-Qadar), Beyrouth, 1978, pp. 3-4.

Deuxième partie – Le Renouveau et les mouvements de réforme
- Textes introductifs incluant : "L’effondrement [de la société]", Fahmi Jid'an, Les fondements de l’évolution des penseurs musulmans dans le Monde arabe moderne (Bawakir Al-Nahda), p. 15.
- "Les réformes dans les temps anciens et dans les temps modernes", Ali Umalil, Le réformisme arabe et l’Etat-nation (Al-Islah Qadiman wa-Hadithan), pp. 18-21.
- "Des causes du retard des musulmans", Mustafa Fadel Pasha, Lettre au sultan Abd Al-Aziz (Risala ila Al-Sultan 'Abd Al-'Aziz), Kararis Tunis, Tunis, No. 95-96, pp. 332-335.
- "La protection de l’intérêt public", Najm Al-Din Al-Tufi, L’intérêt public dans la législation islamique (Al-Maslaha fi Al-Tashri' Al-Islami), Mustafa Zayd, Supplément, pp. 35-41.
- "Deux types de théologiens : le Mujtahid (innovateur) et l’imitateur", Muhammad ibn 'Ali Al-Shawkani, L’opinion utile sur l’évidence de l’ijtihad et l’imitation (Al-Qawl Al-Mufid fi Adillat Al-Ijtihad wa Al-Taqlid), Dar Al-Qalam, Koweït City, pp. 46-51.
- "L’effet du contact avec l’Europe sur la Nahda [renaissance arabe]," Muhammad Al-Qadi and 'Abdallah Sulah, La pensée réformiste arabe dans l’Age de la Nahda (Al-Fikr Al-Islahi 'inda Al-'Arab fi 'Asr Al-Nahda), éditions Dar Al-Janoub, Tunis, 1992, pp. 15-24.
- "Un azharite dans la ville des Lumières [Paris]", Muhammad 'Ammara, Travaux complets (Al-A'mal Al-Kamila), pp. 11-12.
- "Atteindre les objectifs par les réformes administratives", Khayr Al-Din Al-Tunsi, Les meilleures voies dans la connaissance des États (Aqwam Al-Masalik fi Ma'rifat Ahwal Al-Mamalik), pp. 92-98.
- "L’unification des écoles religieuses [islamiques]", Jamal Al-Din Al-Afghani, Travaux complets (Al-A'mal Al-Kamila), pp. 324-325.
- "Despotisme et savoir", 'Abd Al-Rahman Al-Kawakibi, La nature du despotisme et l'élimination de la servitude (Taba'i' Al-Istibdad wa Masari' Al-Isti'bad), pp. 28-33.
- "La réforme de l’éducation", Muhammad ‘Abdu, Travaux complets (Al-A'mal Al-Kamila), pp. 113-114.
- "L’identité culturelle et le colonialisme", 'Ammar Al-Talbi, Les travaux de Ben Badis (Athar Ben Badis), Alger, 1968, pp. 309-310.
- "La raison de la charia dans l’établissement du système de la nation islamique", Muhammad Al-Taher ibn 'Ashur, Les raisons de la charia (Maqasid Al-Shari'a), p. 139.
- "L’islam aujourd’hui : une nouvelle prise de conscience", Dr Muhammad 'Aziz Al-Hababi, L’individualisme dans l’islam (Al-Shakhsaniyya Al-Islamiyya), pp. 141-142.
- "L’intérêt commun est lié aux raisons [de la Loi]," 'Allal Al-Fasi, Les raisons de la loi islamique et ses vertus (Maqasid Al-Shari'a Al-Islamiyya wa Makarimiha), pp. 177-179.
- "[A propos de] la monarchie limitée par le droit", Ibn Abi Al-Diaf, L’action des gens de notre époque dans l’information des rois de Tunisie et la promesse de sûreté (Ithaf Ahl Al-Zaman bi Ikhbar Muluk Tunis wa 'Ahd Al-Aman), Tunis, 1989, pp. 58-59.
- "L’appel à la création d'un conseil national représentatif ", Général Hussein, Parmi les lettres du General Hussein (Min Rasa'il Hussein), Al-'Ahd Al-Rutbi l'il-Risala, p. 146.
- "Critique de la pensée réformiste", Kamal 'Abd Al-Latif, Interprétation allégorique et paradoxe (Al-Ta'wil wa Al-Mufaraqa), p. 17.
- "Evaluation du mouvement réformiste", 'Abd Al-Samad Belkabir, Études sur le mouvement salafiste (Durus fi Al-Haraka Al-Salafiyya), pp. 122-123

Troisième partie – Tradition : Présentation de Muhammad 'Abdu
Extraits du livre Islam et chrétienté dans la relation entre la science et la civilisation (Al-Islam wa Al-Nasraniyya ma'a Al-'Ilm wa Al-Madaniyya), Muhammad ‘Abdu, Le Caire, 1938 :
- "La stagnation des juristes islamiques" (Jumud Al-Fuqaha'), pp. 107-108.
- "La relation étroite entre la science et la religion et la contagion du fanatisme parmi les musulmans" (Mulazamat Al-'Ilm l'il-Din wa 'Aswa Al-Ta'assub fi Al-Muslimin), pp. 150-151.
- "L’état de la théologie" (Hal 'Ulum Al-Din), pp. 152-153.
- "Al-Taqlid" [L’imitation des autorités religieuses], pp. 157-158.

Quatrième partie – Coran : Sourate Al-Hujurat (49)

 

Manuel de pensée islamique de Terminale
Auteurs : 'Abd Al-Jalil Al-Missawi, Al-Hadi Al-Khudri, Ahmed Al-Mushriqi, 'Abd Al-Razeq Al-'Iyyari. Sous la direction du Professeur 'Ali 'Abd Al-Jalil. Révisions finales : 'Abd Al-Majid Al-Sharfi.

Première partie – Inspiration : entre interprétation et explication
- "L’interprétation courante", Muhammad Rashid Rida, Le phare de l’exégèse (Tafsir Al-Manar), pp. 24-26.
- "Les textes et la réalité", Nasr Hamed Abu-Zayd, La notion du texte (Mafhoum Al-Nass), Al-Markaz Al-Thiqafi Al-'Arabi, Beyrouth, 1990, pp. 8-9.
- "Le sens de la révélation", Muhammad Rashid Rida, La révélation de Mahomet (Al-Wahy Al-Muhammadi), Dar Al-Maktab Al-Islami, Beyrouth et Damas, 1985, p. 44.
- "La signification de la révélation et son rapport à la prise de conscience", Khalil Ahmed Khalil, La dialectique du Coran (Jadaliyat Al-Quran), Beyrouth, 1997.
- "La création du Coran : de l’idée à l’épreuve", Ahmed Mahmoud Subhi, La science du Kalam [i.e. Théologie islamique] (Fi 'Ilm Al-Kalam), Mu'assasat Al-Thaqafa Al-Jami'iyya, Alexandrie, pp. 127-129.
- "La signification philosophique de la question de la création du Coran", Hussein Ahmed Amin, Le guide du musulman triste (Dalil Al-Muslim Al-Hazin), Dar Al-Janoub l'il-Nashr, Tunis, 1993, pp. 133-134.
- "L’inimitabilité du Coran", Muhammad 'Ali Al-Sabouni, L’exposition des sciences du Coran (Al-Tibyan fi 'Ulum Al-Quran), Le Caire, 1980, pp. 86-125.
- "L’esprit et la tradition", Abu-Hamid Al-Ghazali, Le renouveau de la théologie (Ma'arij Al-Quds fi Madarij Ma'rifat Al-Nafs), Le Caire, 1927, p. 59.
- "Exégèse et interprétation allégorique", Muhammad Al-Tahir Ben 'Ashur, L’exégèse de l’écriture et de l’instruction (Tafsir Al-Tahrir wa Al-Ta'wil), Al-Dar Al-Tunisiyya l'il-Nashr, Tunis, 1984, p. 12.
- "Le sens de l’interprétation allégorique", 'Ali Harb, Innovation et interprétation allégorique (Al-Tajdid wa Al-Ta'wil), Majalat Dirasat 'Arabiyya, 1982, No. 8-12.
- "Les étapes progressives de [l’évolution de] la religion et de son interprétation", Al-Sayyed Ahmed Khalil, L’évolution de l’exégèse des livres saints et du Coran (Nasha't Al-Tafsir fi Al-Kutub Al-Muqadassa wa Al-Quran), Al-Wikala Al-Sharqiyya l'il-Thaqafa, Alexandrie, 1954, pp. 69-83.
- "L’esprit et le poids de la tradition", Fu'ad Zakaria, La pensée scientifique (Al-Tafkir Al-'Ilmi), Silsalat 'Alam Al-Ma'aref, Koweït, 1988, pp. 83-85.
- "Entre interprétation allégorique et Fiqh," Nasr Hamed Abu-Zayd, La notion de texte [sacré] (Mafhum Al-Nass), pp. 237-240.


Deuxième partie – Civilisation : La question politique dans la pensée islamique
- "L’historicité de l’Etat dans la civilisation islamique", Ahmed Amin, L’aube de l’islam (Doha Al-Islam), Dar Al-Kitab Al-'Arabi, Beyrouth, pp. 4-6.
- "La liberté comme fondement du pouvoir", Kamal 'Abdallah Al-Mahdi, La religion et la vie (Al-Din wa Al-Hayat), Dar Al-Jil, Beyrouth, 1988, pp. 291-293.
- "La Shura [consultation dans l’islam]", Muhammad Al-Talbi, Les enfants d’Allah ('Iyyal Allah), Dar Siras lil-Nashr, 1992, pp. 90-93.
- "Egalité et justice", Kamal 'Abdallah Al-Mahdi, La religion et la vie (Al-Din wa Al-Hayat), pp. 293-295.
- "L’Etat et les valeurs", Muhammad Iqbal, Le renouveau de la pensée religieuse (Tajdid Al-Tafkir Al-Dini), Le Caire, 1968, pp. 177-179.
- "Le califat et l’imamat", Ibn Khaldun, Introduction à l’Histoire (Al-Muqaddima), Tunis, 1989, pp. 1-244.
- "Le califat et l’institution civile", 'Ali Harb, La laïcité de l’État dans l’islam ('Ilmaniyyat Al-Dawla), Majalat Al-Naqid.
- "Les principes de l’islam concernant l’imamat", Abu Al-Hassan Al-'Ash'ari, Les fondements de l’islam et les différences d’opinion parmi les croyants (Maqalat Al-Islamiyin wa Ikhtilaf Al-Musallin), Maktabat Al-Nahda Al-Misriyya, Le Caire, 1954, pp. 132-136.
- "La question du califat et de la gouvernance dans les temps modernes", 'Abd Al-Majid Al-Sharafi, L’islam et la modernité (Al-Islam wa Al-Hidatha), pp. 189-223.
- "L’islam est une religion qui apporte le savoir", 'Ali 'Abd Al-Razeq, L’islam et les fondements de la gouvernance (Al-Islam wa Usul Al-Hukm), Dar Maktabat Al-Hayat, Beyrouth, pp. 143-153.
- "Le Prophète était-il un dirigeant politique ?", Muhammad Al-Khidr Hussein, Critique de l’islam et fondements de la gouvernance [de 'Abd Al-Razeq] (Naqd Kitab Al-Islam wa Usul Al-Hukm), Al-Matba'a Al-Salafiyya, Le Caire, 1923, pp. 135-137.
- "Les constances et les variables dans la relation entre religion et politique", ‘Abd Al-Hamid Mutawalli, Législation islamique et législation [séculière] (Al-Tashri' Al-Islami wa Al-Nuzum Al-Qanunia), Al-Hay'a Al-Misriyya Al-'Amma l'il-Kitab, Le Caire, 1978, pp. 85-86.
- "L’interaction entre les principes islamiques et le savoir des temps modernes", Muhammad Rida Muharram, La modernisation de la pensée politique islamique (Tahdith Al-'Aql Al-Siyasi Al-Islami), Dar Al-Fikr lil-Dirasat wa Al-Nashr wa Al-Tawzi', Le Caire, 1986, pp. 155-159.
- "L’islam respecte le droit de propriété", Ali 'Abd Al-Wahed Wafi, L’islam protège la vie et l’honneur (Himayat Al-Islam l'il-Anfas wa Al-A'rad), Matba'a Al-Sha'b, Le Caire, pp. 44-46.
- "Le prophète de la compassion et de la guerre", Hassan Sa'b, L’islam et les défis de l’époque [moderne] (Al-Islam wa Tahadiyyat Al-'Asr), Dar Al-'Ilm lil-Malayin, Beyrouth, pp. 39-41.
- "La solidarité sociale", Saadedine Ibrahim, Majallat Al-Mustaqbal Al-'Arabi.
- "L’imamat selon les Kharijites", Abu-Said Al-Qalhati, Exposition et clarification (Al-Kashf wa Al-Bayan), Tunis, 1984, pp. 151-152.
- "L’imamat selon les mutazilites", Muhammad Hamud, La pensée politique mutazilite (Al-Fikr Al-Siyasi 'inda Al-Mu'tazala), Dirasa min Majallat Al-Fikr Al-'Arabi, 1981, p. 344.
- "L’imamat selon les Ash'arites", Ahmed Mahmud Subhi, La science du Kalam [i.e., Théologie islamique] (Fi 'Ilm Al-Kalam), Alexandrie, 1982, p. 90.
- "L’islam respecte le droit du propriétaire d’utiliser sa propriété comme bon lui semble", Ali 'Abd Al-Wahed Wafi, L’islam protège la vie et l’honneur (Himayat Al-Islam l'il-Anfas wa Al-A'rad), Matba'a Al-Sha'b, Le Caire, pp. 48-58.
- "Activité économique et valeur du travail humain", Ibn Khaldun, Introduction à l'histoire (Al-Muqaddima), Dar Al-Kitab Al-Lubnani, Beyrouth, 1967, pp. 678-681.

Troisième partie – La tradition : L’islam et les fondements de la gouvernance (par 'Ali 'Abd Al-Razeq)
- Biographie du cheikh 'Ali 'Abd Al-Razeq [par le ministère de l’Éducation].
- "Les responsables", Ali 'Abd Al-Razeq, L’islam et les fondements de la gouvernance (Al-Islam wa Usul Al-Hukm), Dar Maktabat Al-Hayat, Beyrouth, pp. 122-123.
- "Le califat et la force", Ali 'Abd Al-Razeq, L’islam et les fondements de la gouvernance (Al-Islam wa Usul Al-Hukm), Dar Maktabat Al-Hayat, Beyrouth, pp. 73-75.
- "Le prophète et le pouvoir politique", Ali 'Abd Al-Razeq, L’islam et les fondements de la gouvernance (Al-Islam wa Usul Al-Hukm), Dar Maktabat Al-Hayat, Beyrouth, pp. 151-154.
- "Le califat n’est pas une institution politique", Ali 'Abd Al-Razeq, L’islam et les fondements de la gouvernance (Al-Islam wa Usul Al-Hukm), Dar Maktabat Al-Hayat, Beyrouth, pp. 181-182.
- "Les besoins du gouvernement diffèrent de ceux du califat", Ali 'Abd Al-Razeq, L’islam et les fondements de la gouvernance (Al-Islam wa Usul Al-Hukm), Dar Maktabat Al-Hayat, Beyrouth, pp. 80-83.

*M. Feki et N. Maruani sont chercheurs à l’Institut MEMRI

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[1] Deuxième année secondaire en Tunisie.
[2] Célèbre réformiste égyptien. Voir :
http://www.memri.org/bin/french/articles.cgi?Page=archives&Area=sd&ID=SP119106.
[3] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de deuxième année secondaire, p. 84.
[4] Hussein Ahmed Amin, Dalil al-Moslem Al-Hazin, Editions Al-Janoub lil-Nashr, Tunis, 1993, pp. 133-134.
[5] Une école de pensée théologique musulmane apparue au VIIIe siècle qui se développe sur la logique et le rationalisme, et cherche à combiner les doctrines islamiques avec celles-ci, en montrant ainsi leur compatibilité.
[6] Une des quatre maddhabs (écoles de pensée religieuse formant le droit musulman) de l'islam sunnite. Prônant l'origine divine du droit en réaction au mutazilisme, le hanbalisme doit son nom à l'imam Ahmed ben Hanbal (780-855) qui en fut le théoricien.
[7] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de troisième année secondaire, p. 18.
[8] Muhammad 'Abdu, L'islam et le christianisme, Le Caire, 1938, pp. 107-108.
[9] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de deuxième année secondaire, p. 98.
[10] Muhammad 'Abdu,
L'islam et le christianisme, Le Caire, 1938, pp. 150-151.
[11] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de deuxième année secondaire, p. 100.
[12] Muhammad Ben Ali Al-Shawkani, La parole utile dans la démonstration de l’effort et de l’imitation, Editions Al-Qalam, Koweït City, pp. 46-51.
[13] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de deuxième année secondaire, p. 52.
[14] Abdelrahman al-Kawakibi, Les caractéristiques du despotisme et la mort de l'esclavagisme, pp. 28-33.
[15] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de deuxième année secondaire, p. 67.
[16] Muhammad ‘Abdu,
L'islam et le christianisme, pp. 150-151.
[17] Muhammad Al-Qadi et Abdallah Solah, La pensée réformiste chez les Arabes à l’époque de la renaissance, Editions Al-Janoub lil Nashr, Tunis, 1992, pp. 15-24.
[18] En référence à la Campagne d'Egypte de Bonaparte (1798-1801).
[19] En arabe : la messagerie d’Egypte, un journal qui sortait tous les quatre jours.
[20] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de deuxième année secondaire, p. 54.
[21] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de troisième année secondaire, p. 38.
[22] Frère du khédive (roi d'Egypte) Ismaïl.
[23] Kamal Abdallah Al-Mahdi, La religion et la vie, Editions Al-Jil, Beyrouth, 1988, pp. 291-293.
[24] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de troisième année secondaire, p. 38.
[25] Muhammad al-Talbi, La famille de Dieu, éditions Dar-Serras, 1992, pp. 90-93.
[26] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de troisième année secondaire, p. 40.
[27] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de troisième année secondaire, p. 38.
[28] La majorité des chiites du Moyen-Orient (à l’exception du Yémen) sont duodécimains, c’est-à-dire croient dans l’existence des douze imams. Près de 80% des chiites sont duodécimains ; ils sont majoritaires en Azerbaïdjan, à Bahreïn, en Iran, en Irak, et au Liban.
[29] Al-Aamal al-Kamela, pp. 324-325.
[30] Le sixième des douze imams du chiisme duodécimain auquel se réfère les chiites imâmites, souvent dits jaafarites.
[31] Maison de Mahomet.
[32] Gendre de Mahomet.
[33] Successeur de Mahomet et premier des quatre califes bien-guidés (al-Kholafa’ al-Rashedoun).
[34] Livre de pensée islamique enseignée aux étudiants de deuxième année secondaire, p. 65.

 

Source - MEMRI : Institut de recherche des médias du Moyen-Orient
Enquêtes et analyses - No. 339 Avril 29, 2007

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Voilà ce qu'on aurait dû faire en France, depuis longtemps... au lieu d'être captivé et a-critique devant la production éditoriale des librairies fondamentalistes et la propagande des islamistes.

Michel Renard

 

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Grenade (Espagne), l'Alhambra

 

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1 mai 2007

Identité française (Pascal Hilout)

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Identité française

Pascal HILOUT


Ce message a été publié en commentaire de l'article sur l'identité française (réponse à Laurent Lévy, avocat du MRAP). Son auteur anime un site : nouvel-islam.

Bonjour,

Il me semble que bien des bienveillants ou faisant semblant de l'être, comme M. Laurent Lévy, ne veulent pas admettre que l'identité nationale française a toujours eu quelques problèmes avec l'islam et son intégration au sein de cette même identité.

À mon sens, la France (comme l'Europe) est gréco-latine autant qu'elle est judéo-chrétienne. Certes, l'Afrique du Nord, mon aire d'origine, est judéo-islamique mais elle n'est absolument pas gréco-latine dans l'âme.

C'est dans le domaine esthétique que cela est patent : la présentation et la représentation de la beauté divine du nu est la caractéristique majeure qui sépare ce qu'il est convenu d'appeler Orient et Occident. Le voile est le révélateur, en négatif, de cette identité à nulle autre semblable. Les odalisques bien orientales sont aussi le fantasme occidental par excellence. Le couple Vénus-Apollon peuvent être choisis comme marqueur identitaire de l’Europe, comme pourrait être choisi le voile, ne laissant apparaître que les yeux de la femme, comme marqueur identitaire de l’aire islamique.

L'héritage judéo-chrétien avec sa Bible et ses Évangiles a eu droit à une critique en règle pour laisser émerger une culture laïque où la liberté de conscience est garantie. L'héritage islamique avec son Coran+Mahomet a toujours été préservé, même lorsque l'Empire musulman de la France avait succédé à l'Empire Ottoman.

Il était temps d'élever l’islam à la dignité de la République et de lui appliquer une égalité de traitement, c'est à dire une critique réservée, jusqu'à maintenant, au judéo-christianisme.

L'égalité des chances est enfin en train de se réaliser, les langues en train de se délier : mon islam a lui aussi droit à la une de Charlie Hebdo ! N'en déplaise à tous les archaïques qui ont peur de la critique et de la caricature : je suis enfin citoyen à part entière. L’identité française ne peut s’enrichir de mon apport que si mon islam renonce à ses démons et change son regard sur la beauté divine du corps humain. Il faut aussi qu’il intègre le crédo qui a fait de la France ce qu’elle est : la dignité humaine est sacrée, pas les religions.

C’est cette France et cette identité que j’aime et c’est à mon islam de changer pour intégrer le nouveau monde et le concert de ses nations.

Pascal Hilout


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9 avril 2007

"la laïcité est une affaire d'État" (Leïla Babès)





"la laïcité est une affaire d'État"

Leila BABÈS

 

Poser la question en ces termes suggère qu'il s'agit là d'une expérience particulière de NOMS_DE_DIEUX_LEILA_BABES_PHOTO_M_LEROYséparation entre l'Église et l'État, un exemple parmi d'autres. La formulation peut même laisser entendre que le modèle est critiquable, justiciable d'une remise en question. Et il l'est. Pas simplement en Europe, mais en France même, y compris par des laïcs qui se laissent prendre au piège de la culpabilité, à la honte d'appartenir à une tradition jugée «trop» radicale, «trop» singulière, «trop» ignorante des préoccupations identitaires. Bref, la France serait non pas laïque, mais laïciste.

En vérité, en voulant nous faire peur, toute cette vulgate en est venue à banaliser le procès de la laïcité. C'est d'autant plus efficace lorsqu'on oppose au modèle une laïcité «ouverte», «humaine», «plurielle». Il va sans dire que les candidats à ces réformes seraient bien en peine de nous expliquer de quoi il retourne et ce que signifient concrètement ces vagues formules. Ignorance des significations réelles de la laïcité ou militance antilaïque ? À coup sûr, les deux explications sont valides et jouent de pair. Comme dans cette manie détestable de traduire le concept en «isme», la valeur en scénario du pire, l'incompréhension du principe côtoie le désir d'en découdre et la nostalgie du tribalisme.

Confusionnisme, déconstructivisme à tout va et surenchère, voilà qui résume en trois mots la fronde, ou plutôt le front des antilaïques. La contestation est parfois directe, mais la plupart du temps sournoise. Lorsqu'elle n'est pas accusée de porter atteinte à la «liberté religieuse», la République laïque est interpellée sur le bien-fondé de son modèle d'intégration ou sa politique néocolonialiste à l'égard de ses «indigènes».

Mais voilà qu'à ceux qui rêvent d'une République fourre-tout, une coquille vide destinée à accueillir à bras ouverts ces «pestes communautaires» que sont les identités collectives lorsqu'elles investissent l'espace public, d'autres opposent ses valeurs comme un privilège civilisationnel hérité de la culture chrétienne. Curieux chassé-croisé que ce nouveau pacte imaginaire entre la laïcité et le catholicisme lorsqu'on se souvient que les anticléricaux croyaient dur comme fer que celle-ci ne pouvait se construire que contre celui-là.

L'État laïque n'est ni pour ni contre telle ou telle identité religieuse, il est tout simplement dans cet ailleurs qui est à la fois extérieur par indifférence - sauf en tant que garant de la liberté de l'exercice du culte, et non de la «liberté religieuse» -, et supérieur par la prévalence de sa loi. C'est cela qui garantit la paix civile dans une société pluraliste. C'est pourquoi toute ambiguïté, toute confusion sur les rôles respectifs de l'État et des religions, surtout lorsque celles-ci sont déplacées du cadre confessionnel tel qu'il est défini par la loi vers le terrain conflictuel des identités, ne peuvent être que dangereuses.

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Évidemment, la laïcité «à la française» est une exception. Serait-ce en soi une faute ? Dans le fond, à quelle autre laïcité pourrions-nous nous référer ? Peut-on être un peu, modérément, excessivement laïc ? Les deux sphères sont séparées ou ne le sont pas. La laïcité est d'abord une affaire d'État. Ensuite, elle est un contrat qui engage l'ensemble de la communauté. Elle n'est pas une alternative, une option, une opinion personnelle. Elle est un cadre de loi, la traduction institutionnelle d'un processus de sécularisation qui a touché l'ensemble des sociétés modernes.

Il n'y a pas de laïcité à la française car la laïcité est française. Il n'y a pas de honte à le reconnaître. Cela empêche-t-il qu'elle soit porteuse d'universalité ? Au contraire. Le propre d'un État laïque est d'être neutre, au-delà des religions comme différences. Sans distinction, sans discrimination ni favoritisme, sans relativisme. Et c'est parce qu'il se place dans cet «au-delà» qui transcende les particularismes religieux qu'il est fédérateur et le seul garant de l'unité fondée sur l'adhésion de tous les citoyens aux valeurs centrales.

Rappeler ce qu'est la laïcité, expliquer, clarifier, enseigner, mener une vraie campagne pédagogique, voilà ce qui manque cruellement. Pourquoi pas un ministère de la Laïcité ?

Leïla Babès
Le Figaro, 9 avril 2007


* Leïla Babès est professeur de sociologie des religions à l'université catholique de Lille, auteur du livre Le voile démystifié (Bayard, 2004).

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14 mars 2007

identité française : réponse à Laurent Lévy (Michel Renard)

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à propos de l'identité française

réponse à Laurent Lévy sur Oumma.com

posté le 14 mars 2007


Bonjour,

Laurent Lévy a décidé de s’affirmer par la haine de soi. C’est son droit. Mais cela le conduit à des considérations d’une ridiculité intellectuelle consternante.

Ainsi, cette phrase : "L’identité nationale, toujours et partout, se définit par rapport à ses ennemis". Et alors... ? Quel mal à cela ?

La Déclaration des Droits de l’homme - dont on aura du mal à prétendre qu’elle n’est pas un élément de l’identité française - se définit par rapport à des ennemis qui sont la tyrannie, "l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme"... N’est-ce pas louable ?

L’historien britannique d’expression française, Theodore Zeldin, a écrit dans les années 1970 une Histoire des passions françaises. On y trouve ce développement à propos du "rôle novateur" de la France dans l’établissement de la démocratie :

- "Il est vrai que la France a été le premier pays à adopter le suffrage universel. Elle a secoué le monde entier avec sa Déclaration des droits de l’homme, son usage répété de la révolution pour renverser des gouvernements arbitraires ou impopulaires, son triple principe de liberté, d’égalité et de fraternité et les chances de carrière qu’elle a offert au talent. Aussi son histoire ne concerne-t-elle pas seulement ses propres enfants, elle est également inséparable de celle de la modernisation survenue à chaque coin du globe. Aucune nation, aucune démocratie ne peut écrire sa propre histoire sans reconnaître à la France une dette ou une influence directe. L’histoire de France aura toujours un sens pour l’histoire universelle." (Histoire des passions françaises, 1848-1945, tome 5, Points-Seuil, 1981, p. 446 [conclusion])

On peut dire cela en dehors de tout "projet ethnique", sans penser que "la haine est la face cachée de la nation" comme l’écrit Laurent Lévy... D’autant que l’historien britannique complète son constat par celui des limites concrètes d’un tel rôle :

- "Il n’est cependant pas douteux que la société française telle qu’elle émergea de ces révolutions a progressivement cessé d’être un modèle. Des crises politiques répétées ont permis de penser que la démocratie, même en France, a échoué. La diversité d’opinions et d’intérêts semble avoir débouché sur l’immobilisme. Les privilèges sociaux n’ont pas été éliminés. Nombreuses sont les contradictions flagrantes entre les grands principes proclamés par les Français et la façon dont ils se sont comportés dans la pratique." (ibid.).

La lucidité historienne peut ainsi mêler des réflexions sur l’identité nationale (sans racisme nationaliste) et sur les limites des grands principes (sans haine de soi pathologique).

Ce à quoi était parvenu Fernand Braudel qui, écrivant au soir de sa vie L’identité de la France (1986) livrait son sentiment en prenant soin de de dire qu’il "n’interviendrait guère dans les pages de (son) ouvrage" :

- "Je le dis une fois pour toutes : j’aime la France avec la même passion exigeante et compliquée que Jules Michelet. Sans distinguer entre ses vertus et ses défauts, entre ce que je préfère et ce que j’accepte moins facilement".

Laurent Lévy dira-t-il que Braudel fut raciste, xénophobe et pétainiste... ?

Michel Renard


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- Histoire des passions françaises, Theodore Zeldin, rééd. Payot, 2003.

- Identité de la France, Fernand Braudel, (1986), éd. poche Champs-Flammarion, 1999.

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28 janvier 2007

Hôpital : laïcité et intégrisme s'affrontent

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Hôpital : laïcité et intégrisme s'affrontent

Annick Cojean, Le Monde


L’invention a fait la «une» des médias de Grande-Bretagne le soir même de sa révélation. Une burqabh_thumb chirurgicale pour patientes pratiquantes. Bleu vif. Pleine de plis et replis. Et couvrant intégralement le corps, de la tête aux pieds, avec une simple petite fente au niveau des yeux. Un vrai rêve de taliban. La blouse, bizarrement appelée «interconfessionnelle», a immédiatement soulevé maints débats outre-Manche. Certains, dont le journal Islamic Times, ont réagi avec enthousiasme : «Ingénieux ! Le plus sûr moyen de ramener à l’hôpital des femmes musulmanes effarouchées par les usages et la nudité imposés dans les établissements de santé occidentaux.» D’autres, députés, médecins et éditorialistes, ont dénoncé avec affliction « la compromission occidentale » et ce nouveau gage au «politiquement correct».

À Rotterdam, c’est le projet de création d’un hôpital islamique - le premier en Europe - qui suscite la polémique. Nourriture halal, tours de garde d’imams, départements séparés pour hommes et femmes avec personnel médical du même sexe : toutes les recommandations de l’islam seraient strictement respectées, et l’homme d’affaires néerlandais qui a lancé le projet estime que la niche commerciale est considérable dans un pays comportant 1,7 million d’immigrés non occidentaux et 450 mosquées. Un signe d’ouverture très fort envers la communauté musulmane, se réjouissent certains. «Le choix de l’apartheid», commentent les autres.

medium_hopital_bichat_paris_18_cyril_bozonnet_fnEt c’est, semble-t-il, ainsi que réagissent beaucoup de médecins français à l’évocation d’un tel projet. «Une absurdité !, s’offusque le professeur Israël Nisand, chef du service de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg. Cela revient à ghettoïser une communauté pour mieux l’abandonner ! Je trouve cela incompatible avec l’idéal républicain. Même s’il arrive à certains collègues médecins de rêver d’être un jour débarrassés des problèmes posés par les patients musulmans

Des problèmes en nombre croissant. Religieux. Culturels. Ethiques. Et souvent traumatisants parce que devant être résolus dans l’urgence. Le serment d’Hippocrate en bandoulière. Mais avec un devoir de respect et une obligation de diplomatie devant ce que le patient présente comme «la loi de Dieu». Le malaise est patent dans de nombreux établissements hospitaliers français. Doublé d’un sentiment d’insatisfaction morale et intellectuelle dans le corps médical.

Il y a d’abord cette violence observée dans certains services de gynécologie obstétrique en région parisienne et dans plusieurs grandes villes. Des maris fondamentalistes refusent que leurs femmes soient examinées, soignées, accouchées par un homme. Ils l’exigent avec vigueur, quitte à mettre en danger leurs épouses et à s’en prendre physiquement au praticien en fonction.

Entree_hopitalUn incident violent s’est produit en septembre à la maternité de l’hôpital Robert-Debré, à Paris, où le professeur Jean-François Oury, appelé en urgence auprès d’une femme maghrébine sortant d’un accouchement difficile, s’est vu giflé par le mari au motif que l’islam interdisait à un autre homme de toucher sa femme. Condamné à six mois de prison ferme le 24 janvier au tribunal correctionnel de Paris, l’intéressé, un jeune père de 23 ans nommé Fouad Ben Moussa, expliqua qu’il était «stressé» et qu’il s’agissait plus, à ses yeux, «d’une question de pudeur que de religion». L’avocat du gynécologue frappé, Me Georges Holleaux, abonda dans ce sens : «La religion n’est qu’un mauvais prétexte à un comportement violent », expliqua-t-il, ajoutant que, à ses yeux, « tout amalgame serait extrêmement dangereux».

Il reste que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), qui regroupe la majorité des gynécologues français, a noté, depuis trois ou quatre ans, une multiplication d’incidents de nature à perturber l’organisation des maternités. À Lyon, un chef de clinique du service du professeur Raudrant a été un jour menacé par un homme d’origine africaine armé d’un couteau, furieux qu’il ait examiné son épouse.

Près de Grenoble, un mari présent en salle de travail s’est opposé au docteur André Benbassa, directeur médical de la maternité Belledonne, venu aider à l’accouchement de sa femme, qui nécessitait des forceps. À Roubaix, un mari a refusé que sa femme, dont le frottis révélait une anomalie, subisse une colposcopie (examen du col utérin), parce que le seul spécialiste, le docteur Yves Verhaegue, était un homme. D’autres problèmes ont été signalés à Tours, Nice, Montreuil, Créteil, Bondy, Mulhouse, Versailles.

À Strasbourg, le professeur Israël Nisand se dit inquiet de l’augmentation de la «violence verbale» et des cas «d’incivilité, voire de délinquance prenant le prétexte de la religion». L’agression dont a été victime une assistante sociale de son service a ébranlé le personnel (Le Monde du 28 février 2006) et incité la direction de l’hôpital à installer des caméras. Deux Maghrébins avaient surgi dans le bureau de l’employée, la giflant, lui tapant la tête contre une table en criant : «Ça vous apprendra à vous occuper de nos femmes !», et la laissant dans le coma, après lui avoir arraché son tee-shirt et écrit «Mohamed» sur son ventre.

Un mari turc à qui la secrétaire du professeur expliquait qu’on ne pouvait garantir que sa femme serait examinée par un médecin femme l’a menacée : «On vous aura !» Un autre, dont la femme avait un oeil au beurre noir et des traces de brûlures de cigarette sur les bras, s’est emporté contre le praticien : «Je préfère que ma femme meure plutôt qu’un homme la voie !»hegp_big

Récemment, raconte encore le professeur Nisand, «j’ai été appelé d’urgence pour délivrer un certificat de virginité à une gamine de 11 ans ! Je me suis récrié ! Mais que de menaces et de coups de pied dans les portes !» L’accumulation de ces incidents a incité le CNGOF, en octobre 2006, à publier un communiqué alarmiste et à proclamer son souci de «défendre les femmes contre l’intégrisme musulman».

«Les gynécologues-obstétriciens hommes devront-ils désormais être protégés par la police pour exercer leur métier ? (...) C’est inadmissible dans un pays laïque comme le nôtre, où l’hôpital, s’il permet la liberté de culte, n’a pas à plier son organisation aux pratiques religieuses quelles qu’elles soient. (...) Nous le disons fermement, nous continuerons à avoir des services où les médecins hommes ou femmes apporteront les soins aux patients quel que soit leur sexe. Nous défendrons la liberté des femmes à se déterminer sur la contraception, l’avortement, la stérilisation, sans l’avis de leur mari. (...) Il y a trente ans, les femmes musulmanes venaient dans nos hôpitaux sans l’appréhension d’être prises en charge par des médecins généralement hommes, et il n’y avait pas ces violences. Pourquoi cette régression ?»

Pour entraver le phénomène, Dominique de Villepin a demandé en avril 2006 au Haut Conseil à l’intégration un rapport et un projet de «charte de la laïcité dans les services publics» qui devait lui être remis incessamment. Nicolas Sarkozy avait demandé la même chose à André Rossinot, coprésident du Parti radical valdoisien avec Jean-Louis Borloo. Ce rapport a été remis au président de l’UMP le 20 septembre 2006, et recommandait, lui aussi, la rédaction d’une «charte». Consulté, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a exprimé son refus d’une «talibanisation de l’islam de France».


titre_CNGOFPour Jacques Lansac, le président du CNGOF, «le problème s’était déjà posé avec l’avortement. Par trois fois dans le passé, j’ai porté plainte contre les intégristes catholiques qui venaient s’enchaîner et prier dans les blocs opératoires pour entraver les IVG. La loi m’y aidait, qui prévoyait des sanctions . Mais là, comment faire ? On se bat contre des traditions qui aboutissent à l’humiliation et à la chosification de la femme».

Quant au rôle de la femme elle-même dans ces situations, il est formel : «Ce n’est pas elle qui provoque les incidents. Elle est accommodante et ne souhaite qu’une chose : que l’arrivée du bébé se passe bien. Mais elle n’a pas voix au chapitre ! C’est l’homme qui refuse la césarienne... au point qu’il nous faut parfois appeler en urgence, dans la nuit, le procureur de la République ! C’est l’homme qui refuse la péridurale au motif que la douleur est normale ! C’est encore l’homme qui refuse une ligature des trompes demandée par une femme épuisée par de multiples grossesses et à laquelle il refuse d’autres méthodes de contraception !»

hdieu1Daniel Raudrant, lui, a fait apposer une affichette à la maternité de l’hôtel-Dieu de Lyon, qui accueille fréquemment des immigrés tchétchènes : «Madame, nous vous rappelons que le personnel soignant du service est mixte. (...) En cas de refus d’accepter les règles du service et d’être prise en charge éventuellement par un homme, nous ne pourrons vous dispenser les soins dont vous avez besoin.» Parfois, des maris furieux, accompagnés d’une femme voilée, arrachent l’affiche. Certains repartent après l’avoir lue. D’autres se rebellent.

Mais le professeur se montre intraitable : «Fini, les palabres à 3 heures du matin, les scandales parce qu’on ose demander à un homme de ne pas bloquer un couloir pendant sa prière ou la menace de coups contre une sage-femme qui a pris la défense d’une patiente violentée par son mari. Ce n’est pas au personnel hospitalier de gérer cela. Désormais, je n’hésite plus : j’appelle la police. Une ligne spéciale nous relie au commissariat. Le personnel est plus serein.»

Le docteur Georges-Fabrice Blum, à Mulhouse, pense aussi qu’il s’agit d’une question de rapport de forces. «Quand, en salle d’accouchement, un homme me dit : “Touche pas à ma femme”, je lui réponds : “Ta gueule ! Ici, c’est moi le chef ! Je respecterai ta femme, je ne la regarderai pas dans les yeux, et je ferai naître ton bébé dans la sécurité. Mais pas de négociation !” » Voilà. Ensuite, je laisse le papa faire la prière dans l’oreille de l’enfant après la section du cordon.»

Les césariennes exigent de longues discussions. «Le charisme et l’autorité du chef de service sont alorsembryo1 fondamentaux», dit le docteur Blum. Mais il faut expliquer les risques de mortalité pour la mère et l’enfant, certifier que cela n’entravera pas les naissances ultérieures, rassurer la femme africaine et parfois appeler un imam, un marabout ou des grands-parents. On apprend sur le tas. «Quand j’ai commencé, il y a dix-sept ans, se souvient Laurence Jalbert, sage-femme à Montreuil (Seine-Saint-Denis), nous avions un manque total d’informations sur les coutumes et religions des immigrés. Aujourd’hui, il y a certes un grand retour à la tradition, mais beaucoup moins d’incompréhensions culturelles.»

À la maternité de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, où se côtoient une quarantaine de nationalités, le professeur Jacques Milliez mise davantage sur l’accueil et la tolérance que sur le rapport de forces. «Il ne saurait être question, pour moi, de blesser quiconque au nom d’une uniformisation laïque. Tout a été mis en oeuvre pour éviter le moindre conflit lié à un particularisme religieux. Souci de la pudeur, de l’alimentation (casher, halal), observance du shabbat et du ramadan... Bien sûr dans la limite du bon fonctionnement du service.»

381Pas d’exception à la règle de la mixité des gardes, pas d’accouchement en burqa - «la vue du visage est fondamentale pour vérifier l’identité d’une personne, surveiller son teint et l’expression du regard» -, une seule personne en salle de travail... La cohabitation des cultures, dit-il, peut se faire aisément. Les problèmes liés à la religion sont ailleurs. Dans le choix d’interrompre ou non médicalement une grossesse à risque par exemple : «Faut-il s’engager dans un processus complexe de diagnostic prénatal, notamment l’examen permettant de déceler la trisomie 21, lorsqu’on sait qu’un couple, en raison de convictions religieuses profondes, ne s’engagera jamais dans la voie d’un avortement ? Voilà les vrais dilemmes.»

Le professeur Milliez en est parfaitement conscient : «Il y a une pression très forte pour que les enfants trop prématurés ou mal formés ne viennent pas au monde. Mais que veulent les parents ? Il est fondamental de les écouter et de respecter leur choix.»

Là sont sans doute les vraies questions. Philosophiques et éthiques. À partir de quand, la vie ? À quel prix, 3750008la vie ? À tout prix, la vie ? Les nouvelles techniques d’assistance médicale à la procréation ou la sélection du sexe de l’enfant à naître questionnent à la fois l’éthique laïque ou religieuse des médecins et patients, et ouvrent un champ de réflexion immense pour toute la société. Le colloque «Éthique, religion, droit et procréation», organisé chaque année, attire une foule de médecins.

Pour le reste, pense Isabelle Lévy, auteur de La Religion à l’hôpital (Presses de la renaissance), une bonne information sur les moeurs et croyances des patients ainsi que le rappel inflexible des principes de la laïcité et du droit français, qui sanctionne «la non-assistance à personne en danger», devrait assurer une cohabitation sereine au sein de l’hôpital. «Les trois religions monothéistes sont beaucoup plus pragmatiques que ne le pensent certains croyants tentés de faire du zèle. Elles donnent toujours priorité à la vie et admettent la transgression des interdits au cas où elle est en danger. Aux soignants de se montrer à la fois respectueux et stricts

Annick Cojean, dans Le Monde du 27 janvier 2007 (daté 28 janvier 2007)


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11 janvier 2007

Plaidoyer pour l’égalité dans l’héritage, en Tunisie

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Plaidoyer pour l’égalité dans

l’héritage, en Tunisie


15 septembre 2006

Ce plaidoyer pour l’égalité dans l’héritage est le fruit d’un engagement collectif et pluriel mené en association par les militantes de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et de l’Association tunisienne des femmes pour la recherche sur le développement (AFTURD). Inscrit dans le prolongement de la campagne de sensibilisation lancée en 1999 sous forme de pétition nationale ainsi que de débats, rencontres et ateliers d’écriture qui en ont jalonné les étapes, il s’adresse à toutes et à tous, décideurs politiques et acteurs de la société civile avec la démonstration en 15 arguments que l’égalité dans l’héritage n’est ni de l’ordre de l’impensable, ni de l’ordre de l’impraticable dans notre pays.

Le changement social est majeur et s’inscrit dans l’histoire de la société tunisienne dans son rapport à la modernité. Loin d’être le fait exclusif des acteurs institutionnels et de l’Etat - dont il ne s’agit pas ici de sous-estimer l’action mobilisatrice -, ces changements sont aussi le fait de citoyens ordinaires qui, au quotidien, au sein de la famille, dans les lieux de travail, la cité, se posent en acteurs, refusant les contraintes, tissant de nouveaux rapports et inventant de nouvelles manières d’agir, de vivre le mariage, la maternité, les liens conjugaux, les responsabilités parentales, les charges familiales, les pratiques successorales.

Or si le changement social se mesure à l’ensemble de ces nouvelles réalités en rupture avec l’ancien (l’émergence de l’individu et de la famille conjugale, l’essor du travail féminin, la généralisation de l’enseignement, l’extension de la couverture sanitaire, les mouvements citoyens pour l’égalité et la démocratie), il reste aussi prisonnier de la force de l’ancien et des modèles qui perdurent et dont rendent compte les «objections» à l’égalité successorale entre les sexes.

1- Plaidoyer pour l’égalité dans l’héritage … Quelles objections ?

Les débats sur l’égalité dans l’héritage ont permis de prendre la mesure des attentes et des avancées réalisées dans la société mais aussi de dégager le poids des résistances. Ces résistances sont justifiées selon les personnes par :

1. La priorité accordée aux combats pour la consolidation des droits et des libertés publiques et la réticence à soulever une question «délicate». À quoi bon, se demande-t-on, revendiquer l’égalité successorale alors même qu’elle ne représente aucune urgence sociale et qu’elle ne concerne qu’une infime catégorie sociale? Ne faut-il pas plutôt oeuvrer à consolider les acquis et à inscrire dans la réalité les droits et libertés déjà conquis ?

2. L’attachement à l’islam, à ses institutions et à l’identité culturelle. À quoi bon, ajoute-t-on, exiger l’égalité dans l’héritage alors même qu’elle se heurte au donné divin et au texte sacré de l’Islam ? Quelle est l’urgence à exhumer une question qui risque de soulever les passions et de provoquer des crispations : crispations religieuses en raison de sa “racine charaïque” et de ses liens avec le texte sacré, crispations sociales en raison de son rôle structurant de la famille tunisienne, crispations politiques en raison de son inopportunité au regard des revendications identitaires ?

3. L’inopportunité sociale de la question. Pourquoi, insiste-ton, changer un système qui, en vigueur depuis des siècles, assure à sa manière une répartition «équitable» des biens et donne la preuve de son efficacité sociale? Pourquoi donc le changer et risquer de perturber un ordre établi et accepté?

 

2 - Plaidoyer pour l’égalité successorale … Pour en finir avec les privilèges !

Il s’agit aujourd’hui, cinquante ans après la promulgation du Code du statut personnel, de contribuer par le plaidoyer à lever «l’hypothèque» qui pèse encore sur la condition de millions de Tunisiennes
· Parce que le régime successoral applicable aux Tunisiennes est discriminatoire, fondé encore sur les privilèges masculin et religieux (la règle du double au profit des hommes de la lignée masculine) ;
· Parce qu’il est temps, cinquante ans après l’indépendance du pays, de réaliser enfin l’égalité juridique pleine et entière entre les sexes dans tous les domaines ;
· Parce que rien du point de vue éthique, sociologique, économique, politique, culturel et juridique n’excuse les discriminations à l’égard des femmes ;
· Parce que le développement économique et social atteint, plaide pour l’égalité des droits et des chances ;
· Parce que l’avenir de tous est dans la capacité du pays à développer le potentiel économique des femmes ;
· Parce que l’avenir commun des femmes et des hommes, d’une nation et d’un peuple est dans l’égalité et le juste partage.

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Réformons la loi successorale et

établissons l’égalité

entre les sexes dans l’héritage !

 

3 - Plaidoyer pour l’égalité dans l’héritage … Quels types d’arguments ?

    Appuyé sur l’observation, l’étude et l’argumentation, le plaidoyer poursuit l’objectif de :
· Revoir la question successorale à la lumière des changements économiques et des transformations sociales que la Tunisie a enregistrés depuis l’indépendance. Le but est d’identifier dans la société actuelle les éléments de rupture avec le modèle inégalitaire et de rendre compte des nouvelles dimensions économiques et sociales que revêt la question de l’inégalité successorale (I - Argumentaire socio-économique).
· Repenser la question successorale à la lumière des évolutions législatives et jurisprudentielles que la Tunisie a enregistrées au cours de ses cinquante ans d’intense production juridique (II- Argumentaire juridique).
· Approcher la question successorale dans ses dimensions culturelles et ses constructions symboliques et religieuses afin de lever le voile sur ses présupposés idéologiques et ses fonctions de légitimation de l’ordre patriarcal. A contrario, il s’agit de rendre compte des changements culturels, de l’adhésion des acteurs aux valeurs d’égalité et de leur capacité à mobiliser plusieurs registres pour atteindre en pratique l’égalité (III - Argumentaire culturel).


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La première femme gynécologue au milieu de ses collègues
du corps médical. Aujourd’hui (2005) elle a près de 80 ans -
source


 

Arguments complémentaires

déployés en 15 points tirés de l’analyse objective

et méthodique du terrain, ils plaident pour

la levée des inégalités successorales.

 

I - POUR L’ÉGALITÉ SUCCESSORALE : LES ARGUMENTS SOCIO-ÉCONOMIQUES

Puisées dans la réalité et le vécu des acteurs, ces données rendent compte de l’anachronisme du système de l’inégalité successorale au regard des avancées économiques et sociales du pays et des nouveaux rôles assumés par les femmes.

ARGUMENT 1 - MUTATIONS DE LA FAMILLE TUNISIENNE : DÉCALAGE ENTRE LA RÉALITÉ CONJUGALE ET LE MODÈLE LÉGAL SUCCESSORAL
Les études socio-économiques font état de l’ampleur du changement social en Tunisie. A la famille traditionnelle de type patriarcal -fondée sur le groupe avec sa hiérarchie des sexes et des âges- se substitue progressivement la famille conjugale (69% du total des familles). Cette transformation, dont les facteurs sont multiples, est en voie de produire de nouveaux types de comportements et d’induire de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes favorables à l’émergence de l’individu et à la reconnaissance de son autonomie. Le déphasage est de plus en plus en plus flagrant entre le système légal de transmission des biens par héritage, bâti sur le modèle traditionnel de la famille patriarcale et les structures actuelles de la famille moderne tunisienne, famille de type conjugal. En réalité l’argument s’il en faut, est de mettre le dispositif juridique en harmonie avec la nouvelle échelle de valeurs en usage dans une société où l’accès des femmes au travail, à l’éducation, à l’espace public, pulvérise les schèmes traditionnels de la domination patriarcale dont la discrimination successorale constitue un des fondements et un des mécanismes de reproduction.

 

ARGUMENT 2 - LA CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE DES FEMMES
Actives, les femmes contribuent fortement à la prise en charge familiale. Elles en assument une part importante et participent par leur salaire ou leurs revenus au bien être et au confort familial. L’accès massif des femmes au travail et au salariat représente une nouvelle réalité. Il impose de nouvelles représentations et implique de nouveaux engagements dans le couple et la famille. «Les femmes gagnent un salaire, gèrent le budget, s’occupent du foyer et exercent un métier». Prenant part au bien-être matériel de la famille et de la collectivité, elles se posent désormais en productrices de biens et de sens.


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Pr. Habiba Bouhamed Chaabouni, Tunisie

Toutes les enquêtes montrent que le travail des femmes contribue à consolider leur autonomie financière, à instaurer des rapports de partenariat au sein du couple, à affermir l’indépendance économique de la famille et sa capacité à faire face aux aléas de la vie moderne, à valoriser le statut économique du couple qui gagne en confort matériel et en prestige social, à assurer une meilleure prise en charge des besoins de la famille en termes d’éducation des enfants, de soins et de culture. La contribution des femmes est aussi perceptible à leur participation à la constitution du patrimoine familial immobilier par l’acquisition du logement au moyen du crédit ou par apport propre, l’amélioration des conditions d’habitat et la charge de l’entretien du bâti. Il est juste dans ces conditions d’équilibrer le potentiel économique des femmes en abolissant la discrimination en matière successorale. A responsabilité égale, une part égale dans l’héritage des biens.

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Pr. Habiba Bouhamed Chaabouni, Tunisie

 

ARGUMENT 3 - L’INÉGALITÉ SUCCESSORALE EST UN HANDICAP SOCIAL ET UN FACTEUR AGGRAVANT LA PRÉCARITÉ ÉCONOMIQUE ET LA VULNÉRABILITÉ SOCIALE DES FEMMES
Phénomène universel, la féminisation de la pauvreté ou la paupérisation des femmes rend compte non seulement de la conjonction de deux facteurs cumulatifs (d’une part, la pauvreté économique, d’autre part, les rapports inégaux de sexe), mais aussi de leurs effets multiplicateurs sur la condition socioéconomique des femmes. Toutes les études montrent que la précarité (prise dans un sens restrictif ou extensif) touche plus durement les femmes et menace les plus vulnérables d’entre elles de sombrer dans la pauvreté absolue. Ainsi, il y aurait dans le monde 3 milliards de personnes vivant dans la pauvreté, dont 70 % seraient des femmes. L’inégalité successorale constitue un handicap social et un facteur aggravant la précarité économique et la vulnérabilité sociale des femmes.
Ces travaux soulignent l’effet multiplicateur de la précarité économique en cas de violence. Celle-ci agit en renforçant l’impact de la violence sur les femmes. Lutter contre la pauvreté, c’est lutter contre les législations patrimoniales discriminatoires. Lutter contre la pauvreté, c’est aussi lutter contre les facteurs multiplicateurs de la violence à l’égard des femmes, dont les lois patrimoniales discriminatoires.

 

ARGUMENT 4 - LA FORCE DES MODÈLES ET LES BRÈCHES APPORTÉES AU SYSTÈME DE L’AGNATION DE LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE
Comme par le passé, mais non dans les mêmes proportions, la terre continue dans le présent d’appartenir aux hommes. Participant de la structure même de la famille patriarcale, de sa reproduction, de sa puissance, de sa diffusion et de ses stratégies matrimoniales, le patrimoine foncier s’est construit et continue de se construire sur le principe de l’agnation et de sa transmission aux mâles par les mâles. Toutefois les études montrent que lorsque les législations nationales s’y prêtent, les femmes sont capables de développer, à l’égal des hommes, l’esprit d’initiative et d’entreprise foncière. Ainsi en dépit des handicaps dans le domaine de la propriété foncière marquée par l’agnation de la terre, les femmes tunisiennes ont su développer un entreprenariat agricole. Ce potentiel attend d’être confirmé par une législation établissant l’égalité des droits et des chances dans le circuit de la gratuité patrimoniale.

 

ARGUMENT 5 - STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET PRATIQUES INNOVANTES DE PARTAGE ÉGALITAIRE
Force est de constater que la réalité sociale est parfois en avance sur les législations nationales et les règles officielles. Adhérant aux valeurs d’égalité, les individus, femmes et hommes, mettent en place des stratégies compensatoires et usent des multiples ressorts que leur offre le système juridique. Les partages égalitaires et les pratiques innovantes constituent une réalité qui s’impose tous les jours davantage : donations à parts égales au profit des enfants, ventes et libéralités entre ascendants et descendants, testament au profit de l’épouse, des filles, des nièces, partage égal des biens du vivant des parents, liquidation de l’héritage à part égale entre les frères et les soeurs, entre les époux, etc. Il s’agit d’un phénomène dont le sens ne peut laisser indifférent le législateur moderne à qui revient la régulation juridique des rapports sociaux.

 

II - POUR L’ÉGALITÉ SUCCESSORALE : LES ARGUMENTS DE DROIT

Ces arguments tirés de la logique positive de l’ordre juridique tunisien et de ses principes fondamentaux invalident en droit les inégalités successorales.

ARGUMENT 6 - L’INÉGALITÉ SUCCESSORALE EST CONTRAIRE AUX PRINCIPES CONSTITUTIONNELS D’ÉGALITÉ DES CITOYENS ET DE GARANTIE DES LIBERTÉS FONDAMENTALES
Deux principes sont élevés au rang supérieur de principes constitutionnels déterminant la validité en droit de tout l’édifice juridique : les principes des articles 5 et 6 de la constitution tunisienne du 1er juin 1959.
Article 5 : «La république tunisienne garantit les libertés fondamentales et les droits de l’homme dans leur acception universelle, globale, complémentaire et interdépendantes. La république tunisienne a pour fondements les principes de l’état de droit et du pluralisme et oeuvre pour la dignité de l’homme et le développement de sa personnalité (…). La république tunisienne garantit l’inviolabilité de la personne humaine et la liberté de conscience et protège le libre exercice des cultes sous réserve qu’il ne trouble pas l’ordre public».
Article 6 : «Tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi».
Principes constitutionnels auxquels est attachée une valeur supérieure, ils s’imposent aux lois et invalident les discriminations successorales. Sur cette base il a été jugé dans les affaires d’héritage où il y a différence confessionnelle entre les époux que «la prohibition de toute discrimination sur des bases religieuses est un principe fondamental de l’ordre juridique tunisien» et que toute discrimination sur des bases religieuses contredit l’article 6 de la constitution tunisienne «en créant deux catégories de Tunisiens». [Tribunal de Tunis, 18 mai 2000. 2000/7602]

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Palais de Justice, Tunis

 

ARGUMENT 7 - L’INÉGALITÉ SUCCESSORALE EST CONTRAIRE AUX STANDARDS UNIVERSELS RECONNUS DANS LES TRAITÉS DÛMENT RATIFIÉS PAR LA TUNISIE
L’État tunisien n’est pas resté indifférent au discours sur les droits universels de la personne humaine qui, au plan des relations internationales est aujourd’hui déterminant et qui, au plan interne, se fait entendre par la voie des associations pour la défense des droits de la personne et des libertés fondamentales, des syndicats, des partis, etc. Élevés au rang de "substrat minimum" auquel la communauté internationale dans son ensemble se sent tenue, les droits de la personne humaine proclamés dans les instruments internationaux conventionnels et autres ne peuvent se suffire à une existence purement internationale. Leur effectivité est toute entière suspendue à leur réception et à leur intégration dans les ordres juridiques internes des États. En droit tunisien, cette intégration est assurée au moyen de la ratification qui confère aux traités une autorité supérieure aux lois.

L’article 32 nouveau § 3 in fine de la constitution tunisienne consacre en termes clairs cette supériorité : «Les traités ratifiés par le président de la République et approuvés par la chambre des députés ont une autorité supérieure à celle des lois». Trois effets s’attachent à la supériorité des traités par rapport aux lois. En premier lieu, le traité modifie automatiquement dès son approbation et sa ratification les lois contraires antérieures, et ce, en vertu du principe selon lequel une règle est abrogée par une règle contraire d’une valeur juridique égale ou supérieure. En second lieu, il ne peut être porté atteinte au traité de quelque manière que ce soit par une loi postérieure : la loi nouvelle ne peut aller à l’encontre d’un traité sans violer la hiérarchie des normes et donc la constitution. En troisième lieu, les tribunaux judiciaires et administratifs sont tenus, en cas de contrariété entre les normes, d’écarter la norme législative contraire à la norme du traité.

Partant de ces principes, l’inégalité successorale est contraire aux traités suivants :
• Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Traité multilatéral. Adoption : A.G./ONU. 16 décembre 1966. Entrée en vigueur : le 3 janvier 1976. Ratifié sans réserve par La Tunisie : Loi n° 68-30 du 29.11.1968. JORT du 29 novembre - 13 décembre 1968. Publication : Décret n° 83-1098 du 21.11.1983, JORT du 6 Décembre 1983. p. 3143.
• La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Adoption : A.G./ONU.18 décembre 1979. Ratification : loi n° 85-68 du 12 juillet 1985, JORT, n° 54, 1985, p. 919. Réserves : art. 9 §2, art 16 § c,d,f,g,et h, et déclaration générale.
Les discriminations à l’égard des femmes en matière successorale sont contraires aux dispositions des articles 2 et 3 du Pacte ainsi qu’à l’article 1er de la convention de Copenhague «Aux fins de la présente convention, l’expression “discrimination à l’égard des femmes”, vise toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe qui a pour objet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance, ou l’exercice par les femmes quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politiques, économique, social, culturel, et civil ou dans tout autre domaine». Du point de vue du droit international, les réserves qui servent à exclure ou à modifier l’effet juridique de certaines dispositions du traité dans leur application à l’Etat qui les a exprimées ne sont possibles qu’à la condition, entre autre, que «la réserve ne soit pas incompatible avec l’objet et le but du traité». (Article 19 de la convention internationale sur le droit des traités (ratifiée par la Tunisie le 23 juin 1971). Pour sa part, la convention de Copenhague sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes prévoit en son article 28 «Aucune réserve incompatible avec l’objet et le but de la présente convention ne sera autorisée».

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Chambre des députés, Tunis

ARGUMENT 8 - L’INÉGALITÉ SUCCESSORALE EST CONTRAIRE À L’ESPRIT LIBÉRAL DU LÉGISLATEUR TUNISIEN
Dans un système de droit positif, comme le système tunisien, l’interprétation des textes ne peut se faire sans tenir compte de la cohérence générale des lois et de l’esprit du législateur qui les a insufflées. Comment continuer à admettre l’inégalité successorale dans le pays du CSP marqué dès sa promulgation le 13 août 1956 par son esprit d’innovation (l’interdiction de la polygamie, l’abolition du droit de “jebr” (droit de contrainte), la suppression du tuteur matrimonial, l’instauration du divorce judiciaire, l’abrogation de la répudiation) et par l’esprit de justice des lois qui l’ont complété et amélioré : l’adoption plénière, l’abolition du devoir d’obéissance, la réciprocité dans le traitement bienveillant entre époux, la tutelle des mères gardiennes de leurs enfants mineurs en cas de divorce, la communauté des biens limité aux acquêts, l’action en recherche de paternité ?

 

ARGUMENT 9 - L’INÉGALITÉ SUCCESSORALE EST CONTRAIRE AUX RÉCENTES ÉVOLUTIONS JURISPRUDENTIELLES
L’examen de la jurisprudence des tribunaux permet de relever que face à un traditionnel courant conservateur, une nouvelle tendance se fait jour, mettant au fondement du droit les principes d’égalité des citoyens, de non-discrimination et de liberté. La jurisprudence des tribunaux est de plus en plus favorable à l’application des principes d’égalité et de non discrimination. L’évolution vient de se confirmer avec l’inédite décision de la cour de cassation en date du 22 décembre 2004 (Cour. Cass. n° 3843/2004) qui apporte confirmation à l’arrêt du 14 juin 2002 de la cour d’appel de Tunis (C.A, Tunis, n° 82861) et à celui du 18 mai 2000 du Tribunal de première instance de Tunis (TPI, n° 7602/ 2000).

Plusieurs dispositions du droit positif ont été mises à profit et ont développé leur potentiel émancipateur : celles d’abord du statut personnel dans les rapports de droit international privé pour écarter la polygamie, rejeter la répudiation, imposer le libre et plein consentement, valider le mariage de la musulmane avec un non musulman ; les dispositions tirées de la constitution par référence à l’article 5 sur la liberté de conscience et le libre exercice des cultes pour faire échec à la «disparité de culte» comme cause d’empêchement à succession, et à l’article 6 sur l’égalité en droits et en devoirs des citoyens et devant la loi pour faire échec à la répudiation. Il n’est pas jusqu’aux conventions internationales, supérieures aux lois après ratification, qui ne soient invoquées pour faire barrage aux interprétations discriminatoires : en particulier la convention de New York sur l’âge au mariage et l’enregistrement du mariage, la convention de Copenhague sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, les deux pactes internationaux sur les droits civils et politiques, économiques et sociaux, voire même la Déclaration universelle des droits de l’homme dénuée pourtant de valeur juridique.

 

ARGUMENT 10 - L’INÉGALITÉ SUCCESSORALE EST PERTURBATRICE DES RELATIONS SOCIALES ET FAMILIALES
Le propre de la règle de droit est d’assurer l’équilibre des relations sociales. Pousser les individus à adopter, par défaut législatif, des stratégies de contournement est préjudiciable non seulement à la cohérence de l’ordre juridique tunisien dans son ensemble mais aussi à l’équilibre des rapports sociaux. Par son double registre à la fois laïc et religieux, traditionnel et moderne le C.S.P. installe une schizophrénie juridique génératrice de troubles d'identification et ouvre la voie aux interprétations et aux applications les plus fantaisistes. Il installe un antagonisme dans les valeurs du droit et cesse par effet d’annulation de jouer son rôle régulateur des rapports sociaux. A quand des rapports apaisés par la loi ?

 

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mosquée près de Metameur

III - POUR L’ÉGALITÉ SUCCESSORALE : LES ARGUMENTS CULTURELS

Dans les sociétés musulmanes la question successorale relève, dit-on, du dogme. La règle que «à même degré de parenté les hommes ont deux fois plus que les femmes» apparaît comme un donné immuable. Or, l’observation montre qu’en pratique les sociétés musulmanes ont, sur cette question, inventé des stratégies «d’évitement» de la loi charaïque et que, comme sur d’autres aspects, les sociétés islamiques ont vécu en «armistice» avec le modèle légal. Plusieurs éléments en témoignent dont les suivants :

 

ARGUMENT 11 - L’HISTOIRE DE LA TRANSMISSION DES BIENS EN PAYS D’ISLAM OU AUX ORIGINES DU SYSTÈME SUCCESSORAL
L’histoire de la constitution des biens en pays d’islam et leur transmission par héritage mérite d’être rappelée. Les travaux d’anthropologie historique montrent que le régime successoral trouve son principe de cohérence dans l’ancien ordre tribal de l’Arabie préislamique et dans la structure de la société patriarcale et guerrière d’alors. Il est attesté que l’exclusion des femmes de l’héritage durant la période préislamique n’est pas fondée sur des considérations de genre mais bien sur des considérations tenant à l’organisation tribale de la société arabique. Le patrimoine était commandé par le degré de participation aux combats. Il constituait une source principale de revenus et un moyen de défense de la tribu. C’est pourquoi les femmes n’étaient pas les seules exclues du système. En étaient aussi privés les enfants et «tous ceux qui n’avaient pas de monture, ne portaient pas le sabre, ne triomphaient pas d’un ennemi». Cet état n’est pas propre à la société arabe préislamique. Il prévalait dans presque toutes les sociétés dont l’économie était fondée sur le butin de guerre et dans lesquelles les biens étaient remis entre les mains des hommes. Le deuxième facteur tient à la règle de prise en charge (qawama). Puisqu’il il revenait à l’homme de subvenir aux besoins des membres de la famille, c’est à lui que revenait en exclusivité la possession des biens. Plus rien ne justifie dans le monde moderne le maintien d’un tel régime discriminatoire et archaïque

 

ARGUMENT 12 - LES PROCÉDÉS TRADITIONNELS DÉROGATOIRES VISANT L’EXCLUSION DES FEMMES
L’existence, de tout temps, de pratiques dérogatoires à l’obligation religieuse d’attribuer aux femmes leurs parts de l’héritage est attestée par de nombreux travaux d’histoire. Le “habous” a constitué un moyen «autorisé» d’éviction des femmes de la propriété foncière. Les actes des “habous”, au moyen desquels le fondateur du bien, par contournement des règles charaïques sur l’héritage des femmes, attribuait l’exclusivité de leur jouissance et possession à ses ayants-droit parmi sa descendance mâle, était une pratique courante qui avait triomphé des interdits du droit savant. Ni leur annulation par Ûmar Ibn Abdel Aziz, ni les conditions draconiennes posées par les docteurs malékites (la privation du testateur de son bien dès l’établissement de l’acte, la prise de possession immédiate par le bénéficiaire), n’en ont empêché l’usage général. Jouant des multiples ressorts qu’offraient les divergences doctrinales (al ikhtilaf al fiqhi) et les mettant à leur profit, les légataires choisissaient de se placer sur «la voie de Abu Youssef le compagnon de l’Imam Abu Hanifa», sacrifiant ainsi le rigorisme aux ruses et les femmes à l’ordre de la famille patriarcale. La loi charaïque n’a pas constitué un obstacle à la spoliation des femmes!

 

ARGUMENT 13 - LES CONSTRUCTIONS HISTORIQUES DU SYSTÈME SUCCESSORAL EN TUNISIE ET L’EXCLUSION DES FEMMES
Les «hiyal», les subterfuges légaux, ont existé aussi en Tunisie. Ils ont constitué des modes dérogatoires participant à l’exclusion des femmes. Les études montrent que le système des “habous” a constitué - sauf à de rares exceptions- le plus grand moyen d’éviction des femmes de la propriété foncière. Admises et pratiquées par les malékites, réputés pourtant rigoristes, par emprunt aux doctrines hanéfites, ces stratégies de contournement n’ont pas semble-t-il choqué la conscience musulmane. Cette pratique a été abolie en Tunisie par l’effet des lois de 1957-1958. En quoi l’égalité est-elle sacrilège ?

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ARGUMENT 14 - RÉFORMISME MUSULMAN, PREMIÈRES REMISES EN CAUSE PAR TAHAR AL HADDAD ET CRISPATIONS CULTURELLES AU SUJET DES FEMMES
C’est à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle que s’amorce dans les pays musulmans le lent et difficile processus de modernisation de l’État et de son droit. Le réformisme tunisien qui se présente déjà comme un nationalisme s’alimente de cet apport. Or, dans le cadre de la pensée réformiste la question de la «Musulmane», tout en faisant l’objet d’un traitement nouveau, finit par prendre et pour longtemps des contours culturalistes et identitaires. Dans la perspective réformiste et son néo-classicisme théologique, «l’émancipation» des femmes se réduit au thème de l’instruction des jeunes filles musulmanes avec cette triple limite qu’il s’agit de l’apprentissage de la langue arabe, axé sur la morale et l’histoire de l’islam et préparant les jeunes filles, à travers des travaux manuels de type domestique, au rôle traditionnel qui leur est assigné au sein de la famille musulmane. Sous la poussée des nouvelles réalités socio-politiques du pays (domination coloniale), ce réformisme a subi de nouvelles mutations et s’est transformé soit en conservatisme, fournissant à l’islam officiel des Etats sa doctrine et ses instruments d’hégémonie politique et culturelle, soit en son opposé, l’islam contestataire et radical des Frères Musulmans. Dans l’ordre de la pensée réformiste, c’est seulement sous la plume de Tahar al Haddad, que la question de l’émancipation des femmes, a pris en 1930, une dimension novatrice.
Comment admettre qu’on en soit encore là à se poser toujours les mêmes questions au sujet de l’égalité en droit et en dignité ? Ne faut-il pas mettre fin aux atermoiements ?

 

ARGUMENT 15 - EXCLUSION DES FEMMES DE L’HÉRITAGE ET PRATIQUES INÉGALITAIRES
Les pratiques inégalitaires et l’exhérédation des femmes du patrimoine sont toujours de mise dans notre pays. Les enquêtes sociologiques révèlent leur persistance sous différentes formes et modalités. Le partage inégalitaire prend soit la forme du favoritisme familial à caractère parental soit celle de la main - mise à l’intérieur de la famille (hawz). Ces «escroqueries» subies en silence et visant en particulier les femmes, constituent, selon les enquêtes, les cas les plus fréquents : détournement de l’objet de la procuration générale à l’insu de la personne qui l’a signée, main mise du tuteur ou du curateur sur le bien en héritage, falsification des actes notariés, certificats de décès ne comportant pas le nom de tous les héritiers (en particulier les épouses non musulmanes), libéralités consenties par forcing (en cas de maladie ou de faiblesse liée au grand âge), prise de possession des biens appartenant aux héritiers vivant à l’étranger, refus de partage. Ces pratiques montrent que la question successorale participe de réflexes autres que religieux.

 

► Compte tenu de ce qui précède, il est temps de :

 

1 - Abolir les privilèges,

2 - Modifier la loi sur l’héritage,

3 - Établir l’égalité successorale entre les sexes

source : Kalima Tunisie (15 septembre 2006)





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